Pierrette Richer, le témoignage d’une mère en deuil

Nous vous proposons de découvrir le témoignage poignant d’une maman en deuil de ses cinq enfants.

Bonjour, Mesdames, messieurs,

J’ai été invitée par Madame Rosette Poletti pour venir faire une conférence à Lausanne dans le cadre « vivre son deuil » mais je dois dire qu’il est facile pour moi d’être ici pour témoigner et partager mon vécu avec vous aujourd’hui. J’ai écrit ces notes il y a trois jours. C’est la première fois… J’en suis très heureuse !

Nous sommes en février 1974.
A peine arrivés d’un magnifique voyage de six semaines en Guadeloupe dans les Antilles Françaises avec nos cinq enfants : Michel, Josée, Daniel, Pierre, Jean. Cette vacance merveilleuse passée ensemble tous les jours à jouer dans le sable, les baignades, le soleil, les randonnées et ces belles soirées ou nous dînions ensemble à la terrasse de la villa avec vue sur la mer.

Quelques jours plus tard, soit…

Le 7 février 1974
Afin de préparer la campagne de publicité pour notre société immobilière, nous avons dû, mon mari et moi, travailler au bureau jusqu’à 9h30 le soir.

Sur le chemin du retour à la maison, nous nous sommes arrêtés pour dîner dans un petit restaurant. Vers la fin de notre repas, on vient nous avertir de nous rendre à notre résidence immédiatement car il y avait quelque chose d’anormal, c’est tout ce qu’on nous a dit.

La route de 20 kilomètres nous séparant de la maison nous semblait interminable et au dernier tournant à la fin du bois, on apercevait les flammes sortir de toutes les fenêtres de la maison.

En descendant de l’auto, je cours vers la maison, une foule de personnes déjà là, les pompiers, la police. La première personne à qui je parle c’est Jean notre premier voisin, je lui demande où sont les enfants ? Car j’étais certaine qu’ils étaient tous là, peut-être dans des couvertures, en pyjamas.

Il me dit : « Ils sont tous morts. » Je suis tombée à genoux dans la neige sans un mot et je suis restée là sans bouger, la tête penchée vers le sol pour un long moment. Lorsque je me suis relevée, j’ai demandé si quelqu’un était entré dans la maison, les pompiers m’ont dit que non, c’était trop tard, la fumée dense et noire venait du matelas de la gardienne ce qu’on a su plus tard, car elle se serait endormie avec une cigarette dans son lit.

Question. Ou était la gardienne, on ne savait pas, c’était elle qui était allée chez le premier voisin, Jean, à 6 kilomètres de la maison. Elle était en total choc ne pouvant articuler un mot et par la senteur de fumée qu’elle dégageait, Jean a tout de suite compris qu’il y avait le feu, il arrive mais trop tard à la maison.

Selon les rapports dans l’enquête du feu, il se serait passé plus de quarante minutes entre le début de l’incendie et leur décès, et le temps pour se rendre chez le voisin en courant prend environ 7 minutes.

Le rapport médico-légal disait qu’ils sont tous morts asphyxiés, non brûlés.

Je ne pouvais pas trouver mon mari, quelqu’un m’a dit qu’il cherchait la gardienne en fureur.

Question. Dans quel état j’étais ?
Le vide, pas de colère, il n’y a rien que tu peux faire et pas de temps pour m’apitoyer car quelques instants plus tard la police demande à nous voir pour les formalités, les constatations.

Première question – Le nom de vos enfants : Michel, Josée, Daniel, Pierre, Jean.

Leur âge – 9 ans, 8 ans, 7 ans, 6 ans et 4 ½

Où étaient situées leurs chambres, les lits, l’heure du coucher, tous les détails de la maison pendant plus de deux heures. Mon mari ne peut répondre à aucune question à peine s’il a dit son nom. Il se révolte lorsque les policiers nous demandent si nous avions des assurances sur la vie de nos enfants. Non

La réalité s’installe.
Les premières paroles que mon mari m’a dites cette nuit là du 8 février : « Nous aurons d’autres enfants » – je lui réponds : « On ne remplace pas des enfants avec d’autres enfants. »

Michel, Josée, Daniel, Pierre et Jean. Je ne les ai pas sentis partir, ils n’étaient juste plus là, je les ai vu vivants, le dernier jour, je leur ai parlé au téléphone à leur arrivée de l’école, au souper et à l’heure du dodo (normalement j’étais de retour à la maison vers quatre heures).

Le matin, au départ pour l’école je les ai embrassés, tous. – j’ai gardé cette image.

Accepter leur mort !
C’est un fait, la vie, c ‘est la mort. C’était leur chemin, leur vie ! Ils appartiennent à la vie. Ils ne m’appartiennent pas. Ils étaient tellement beaux, ils avaient leurs expériences à faire.

Question. – Pourquoi sont-ils partis ensemble ?
C’était leur vie et moi j’ai la mienne. Mon rôle de mère, je les ai mis au monde, allaités pendant sept mois chacun, suivi toutes leurs évolutions, l’école, les sports, leurs activités. – Je me souviens de leur grand bonheur lorsqu’ils montaient à cheval et venaient me voir à la fenêtre de la cuisine, ou m’apporter un bouquet de fleurs sauvages cueillies dans les champs. A tous les jours de l’été, ils en cueillaient des fraîches. Je les voyais avancer, j’étais témoin de leur grande beauté. Je disais souvent à mes sœur, mes amies : « mes enfants ne m’appartiennent pas, ils appartiennent à la vie. »

Je suis là pour les protéger, les guider et partager avec eux, les comprendre. Ils n’étaient pas un reflet de moi-même, ils étaient eux-mêmes : Michel, Josée, Daniel, Pierre et Jean.

Ca a été la façon dont je les ai élevés, c’était ma manière d’être.

Je n’ai pas de regrets, j’ai eu beaucoup de bonheur avec eux. Je n’ai pas de regrets de ne pas m’en être occupé, c’était le maximum pour eux. J’avais du plaisir dans le quotidien avec eux, les jeux, les loisirs.

Nous avions la chance de vivre sur un grand domaine de 800 hectares avec cinq lacs, des chevaux, des chiens, des chats, des petits animaux de ferme.

J’ai consacré beaucoup de temps pour être près de mes enfants, je n’avais pas de rêve pour eux, mais la vie normale, le quotidien. Peut-être que ça m’a aidé à continuer à vivre avec d’autres enfants, ceux de mes frères, sœurs, amies, ceux que je voyais partout, en voyages – que je vois encore.

Les jours suivants ont été très pénibles, ma famille, mes parents, mes jeunes sœurs et frères tous en larmes – je devais les consoler.

Je me sens si seule, plus rien, même pas une brosse à dents, pas de linge.

On doit attendre deux semaines pour les tests de laboratoire médico-légal pour qu’on nous remette les restes des corps (les cendres) car la maison toute en grosses pierres, c’était un four ardent – aucun débris, que des cendres. Plusieurs jours plus tard, c’était encre chaud, les 5 chiens qui rôdaient autour des ruines encore chaudes et fumantes, ils ne comprenaient pas, ils attendaient leurs petits maîtres, ils ne voulaient plus manger. Ils sont morts aussi.

Question – Et les funérailles ?
Cinq roses sur une tombe en chêne qui contenait les cendres de nos cinq enfants – aucune autre fleur, seulement des dons pour une société qui vient en aide aux enfants avec des troubles mentaux. Seulement un tout petit bouquet dans l’église près de l’Hôtel qui venait de l’équipe de hockey de mon fils aîné Michel, car il avait compté le but gagnant quelques heures avant son décès. Il était si fier lorsque je lui ai parlé au téléphone au retour de ce match vers neuf heures. Je l’accompagnais toujours et ses frères aussi lors de ces joutes, mais pas ce soir-là.

La messe des funérailles fut chantée par les enfants de l’école, leurs amis. C’était très réconfortant d’entendre ces voix d’enfants.

Le lendemain des funérailles, mon mari n’était pas venu dormir où nous demeurions chez des amis, le soir des funérailles. Le lendemain matin, il vient me dire qu’il me quittait pour toujours, que j’avais plus de chance d’être heureuse sans lui, qu’il était un homme fini et que je méritais plus que ça. Il est parti vers le sud et je ne l’ai pas revu – seulement eu de ses nouvelles 10 ans plus tard.

Ca a été un coup très dur, un geste humain. Je ne pouvais pas y croire, ça a été terrible, il était le seul avec qui j’aurais pu parler, l’aider, partager. Il m’a aussi dit : « Je regrette de ne pas avoir passé plus de temps avec eux. »

Le lendemain, il me demande de ne plus me présenter au bureau, c’était trop difficile pour lui. Je n’avais plus de travail aussi.

… Le vide total – j’avais 30 ans.

Question – Comment une mère peut passer à travers tout ça ? En se retrouvant seule ?
Je n’ai plus le rôle de mère, mais je suis toujours une mère.

Les premières paroles que je me suis dites après les funérailles, après leur départ : « Je vais vivre somme ils m’ont toujours vu vivre. Heureuse avec toujours plein de projets, vivante, consciente de mes responsabilités envers la vie, la santé.

J’évitais les personnes que je connaissais. Leurs questions, « T’es sûre que tu es correcte ? » « Appelle-nous si ça ne va pas… » Ils voulaient me dorloter, m’organiser, m’instabiliser en fin de compte pour mieux me ramasser peut-être !

Les nouvelles personnes ne me jugeaient pas, ne me questionnaient pas et lorsque quelqu’un me demandait d’en parler je disais j’en parlerai lorsque je serai prête. Ca m’appartenait. Peut-être que c’est aujourd’hui ici à Lausanne devant vous tous 30 ans plus tard que je veux commencer à en parler – vraiment.

Question – Comment j’ai survécu après les funérailles ?

J’ai eu beaucoup de chagrin, mais la tristesse n’est jamais entrée dans mon cœur. Jamais on ne peut se préparer à des situations tragiques. On doit disposer de moyens pour tenir le coup.

Sûrement le fait d’appartenir à une grande famille de neuf enfants dont j’étais l’aînée. Très jeune j’aidais ma mère avec les nouveaux bébés, mes frères et sœurs plus jeunes. Je ne peux pas me souvenir de me plaindre, c’était pour moi normal et j’étais fière de le faire.

Vivant sur une ferme, on devait tous se lever tôt pour aider nos parents à préparer les repas, l’école, les jardinages. On était heureux lorsqu’on s’assoyait pour manger autour de la grande table. Je ne me souviens pas d’avoir été malheureuse. On a été élevés, grandi dans le respect de la vie, nos responsabilités vis-à-vis la vie. Se garder en bonne santé, bien manger, boire de l’eau, les jeux.

Je me souviens à l’âge de 8 ans, ma mère qui en avait 28 a eu la rougeole, elle a été très malade une nuit. Le médecin est demeuré à son chevet toute la nuit avec mon père.

Tous mes frères et sœurs avaient la rougeole. On ne pouvait pas avoir de l’aide à la maison dû à la contagion. Je prenais soin de tout le monde ce qui fait que je n’ai jamais eu la rougeole. Mon père arrivait de la ferme et me demandait si tout allait bien, je lui répondais : « Oui tout va bien Papa. »

Je me souviens, je montais en haut aux chambres dans la noirceur, je mettais ma main sur le front de mes frères et sœurs pour voir s’ils faisaient de la fièvre. Je leur faisais un peu à manger, ils ne voulaient pas manger mais je leur faisais boire de l’eau. Je crois que j’étais une infirmière dans l’âme déjà.

Donc après les funérailles ?
Quelques mois se sont passés, je suis partie en voyage. D’abord je suis retournée à la Guadeloupe quelques semaines, revoir les mêmes endroits visités avec mes enfants. Après, je suis partie pour l’Italie quelques mois où vit ma sœur Diane. Chez Diane, personne ne savait. En voyage, c’était bon de voir des couples avec des enfants, dans la vie normale, ça m’aidait, ça me ramenait à la vie, ça ne me chagrinait pas, ça m’aidait, me faisait sourire.

De retour de voyage, je dois penser à retourner au travail à gagner ma vie ! Je retourne travailler comme infirmière à l’hôpital, mais à la pouponnière avec les nouveaux-nés. Eux ne vont pas me poser de questions. Le premier Noël je ne veux pas le passer dans ma famille, ne pas voir mes parents, frères et sœurs si tristes, pleurer.

Je demeure à travailler à l’hôpital, mais je demande d’être changée de département pour être près des malades qui doivent par leur état passer Noël à l’hôpital et qui sont souvent sans familles, seuls sans enfants. Ce fut le plus beau Noël de ma vie ! Avec les autres infirmières, on a préparé des gourmandises, des cadeaux, chanté pour les malades, c’était réconfortant. Je me sentais entourée. Je me trouvais chanceuse d’être en bonne santé et physique et mentale, d’avoir ma tête, mes mains, d’être en vie.

Je ne suis pas une personne résignée. « Chacun a son tunnel, ses expériences à faire pour avancer, il faut l’autre vivre, ou mourir, ne pas prendre sa place. Sûrement que mon éducation en tant qu’infirmière m’a beaucoup aidé étant donné la confrontation avec la vie, la maladie, la mort, les parents et les familles des malades à réconforter.

Souvent je me vois dans un grand champ et j’entend un train qui s’en vient – qui passe et s’éloigne. Pour moi, c’est le futur, le présent et le passé. C’est long, mais je monte dans ma cabine de pilotage dans mon avion et là je vois le tout dans sa globalité, dans le moment présent. Ca me réconforte beaucoup !

Question – Si mes enfants me manquent ?
Bien sûr, car il n’y a pas une journée où je ne pense pas à eux. Ils font partie de ma vie. Ils sont vivants en moi… Je me rappelle leur rires d’enfants, leurs petits bras qui m’entouraient. Les enfants m’ont aidé et m’aident à grandir, à évoluer, ceux que j’ai eus, ceux que j’ai perdus, ceux que je n’ai pas eus. Ceux des autres. On grandit à travers les enfants.

On dit toujours « mes enfants ». Pour moi, ils n’étaient pas mes enfants.C’étaient des enfants qui vivaient dans la même maison, c’était Michel, Josée, Daniel, Pierre et Jean.

J’étais leur mère. Ils avaient un père, ils vivaient, ils n’étaient pas à moi et maintenant ils sont dans une autre dimension.

C’est aussi difficile aujourd’hui. Je serai toujours une mère, je ne serai jamais autre dans mon cœur. J’achemine ma vie de femme.

Quand je pense à mes enfants, je les sens si près (on n’est pas loin lorsqu’on est mort). Je ne leur parle pas, ne leur demande rien, je les écoute, je les écoute souvent. Dans cette écoute, je ne les entend pas me parler, mais leur chaleur comme un vent doux.

La survie après un drame ?
Je n’ai pas la réponse à cette question. Si je pouvais répondre, j’aurais aussi la solution pour guérir le cancer et bien d’autres choses.

Mais je peux motiver, inspirer, donner de l’espoir, du courage, conseiller mais je ne peux pas répondre à l’Inconnu et je ne veux pas essayer. Je suis simplement contente d’être en vie et d’être heureuse de ce mystère.
Chacun de nous coopère différemment avec la mort des nôtres, personnellement je crois qu’on doit faire face directement armé de courage, de confiance et avec fermeté et sans peur.

Si on observe un enfant malade de cancer par exemple, il est comme ça, brave, naturel, déterminé. Il est toujours gagnant dans sa bataille, fier de son progrès, même s’il sait qu’il va mourir. La survie ce n’est pas le résultat final, c’est la façon dont on procède, qu’on fait face à la réalité aujourd’hui.

Au premier printemps, lorsque j’ai pris possession d’une petite maison sur la rivière aux Mulets, il y avait encore un peu de neige. J’étais assise au soleil dehors, en face de la rivière. J’entendais l’eau couler, les oiseaux chanter et un peu de vent dans les sapins. C’était la première fois de ma vie que j’écoutais le chant des oiseaux pour moi-même. Je l’avais toujours fait entendre à mes petits frères et sœurs, à mes enfants.

C’est sur cette même petite rivière aux Mulets 15 mois plus tard que je rencontre Johannes, ce bel homme Danois, qui vivait dans la maison voisine sur cette même rivière et qui, les deux pieds dans l’eau m’a demandé en mariage trois jours après notre première rencontre et j’ai dit « oui » et dix jours plus tard nous quittions le Canada pour aller vivre dans son pays le Danemark. Je me suis dit ça va me faire du bien là-bas personne ne me connaît.

Une vie simple, paisible. Je me suis retrouvée là-bas au Danemark avec ma bicyclette au lieu de mon auto sport du Canada, partir pour l’université tous les matins pour apprendre le Danois.

La vie avec Johannes. Ca n’a pas été trop difficile, il est calme, il me laisse bouger, faire mes expériences. Il est témoin je crois. Nous nous sommes mariés au Danemark et quelques années plus tard un transfert en Angleterre, une autre langue à apprendre.

Dans ma vie, je ne demande jamais la permission, je le fais, c’est ça qui m’a amené à quelque chose d’autre, à avancer pour expérimenter.

Car le changement en lui-même n’est pas douloureux, c’est la résistance au changement qui est cause de douleur.

A persister en silence m’a aidé à comprendre pourquoi j’étais de passage sur la terre. Avant je ne pouvais pas me permettre d’aller dans ces pensées de mes enfants.
En reconnaissant la situation telle quelle, cette réalité, en voyant ma vie dans sa globalité, dans le temps présent, c’est là que j’ai commencé à me permettre d’aller penser à mes enfants.

Je n’ai jamais voulu tout montrer tout exposer et en pensant à eux en silence j’ai commencé petit à petit à comprendre ce que chacun de mes enfants m’apporte tous les jours ce que ça m’a fait accomplir et pourquoi ils ont quitté la vie terrestre.

Là, j’ai commencé à parler de mes enfants avec Johannes mon mari, jamais de l’événement ni la raison du feu mais des situations drôles, leur quotidien leur personnalité si différente, leur expression dans certaines situations. J’entends souvent Johannes me rappeler mes enfants devant certaines situations.

Huit années se sont passées en Angleterre où j’ai eu la grande chance de voyager partout dans le monde dû au travail de mon mari. De voir les plus beaux musées du monde, les œuvres d’art, les concerts, la musique, le théâtre, rencontrer et côtoyer des personnes si différentes et intéressantes. Et au milieu de tout ça je travaillais pour une société d’Assistance médicale qui avait son siège social ici à Genève donc j’étais en Suisse très souvent.

Vers la fin de l’année 1988, le travail de mon mari étant terminé en Angleterre, nous rentrons au Canada, à Montréal, on y retrouve la famille, les amis, – nos endroits habituels.

Je retourne à l’université pour un diplôme en administration immobilière et travaille quelques années dans ce domaine. Point.

Et en 1991 je commence mes études en Ostéopathie – là, je suis heureuse et vivante.

Un peu plus tard, j’ai voulu rencontrer la gardienne qui était avec mes enfants e soir du feu. Par l’entremise des policiers à la Sûreté du Québec qui étaient chargés de l’enquête après le feu, je ne me souvenais pas de son nom, ni de son visage, j’avais vraiment coupé tout souvenir, comme si je n’avais pas eu la permission de la contacter après l’incendie, due à l’enquête.

Nous nous sommes rencontrées pour un dîner au restaurant. J’avais besoin de la voir pour lui dire que je ne lui en voulais pas. Elle m’a avoué qu’elle avait toujours eu peur que je le venge, que je lui enlève son enfant.
Cette rencontre fut très importante pour moi. Elle m’a dit qu’elle fut très soulagée et que sa vie ne sera plus jamais la même.

En 1996, mon mari a un travail avec le gouvernement et nous déménageons au Nouveau-Brunswick. J’ouvre une clinique en Ostéopathie mais j’ai continué à étudier dans le même domaine et je prends encore des cours aujourd’hui, je me rends sur Montréal tous les mois 1 200 km pour l’aller seulement, depuis 7 ans.

Aujourd’hui, j’aide de mon mieux des personnes qui sont souffrantes physiquement, mais en arrière de toute souffrance physique il y a un être humain une émotion, un mal vécu, un drame.

La reconnaissance avec eux des situations difficiles, les libérations somato-émotionnelles font partie de nos rencontres.

Ce travail remplit ma vie !

J’ai le grand bonheur de vivre sur la grande mer, sur l’Atlantique, près de la vie des pêcheurs, de la nature, la voile.

Je suis bénie !
J’aime la vie et tout ce qui est beau. Je reconnais la beauté dans tout ce qui m’entoure.

Sur la mer, tout est mouvement. Je passe des longues heures sur les rochers à écouter le bruit des vagues, c’est si calmant et réconfortant.

Il y a même un « loup de mer » qui vient souvent mettre sa tête en dehors de l’eau, il est seul. Je lui ai donné un nom Bobby ! Je lui parle un peu, on dirait qu’il comprend.

Aujourd’hui je vous ai raconté mon drame à moi, et Vous avez le º et on ne peut pas les mesurer.

La souffrance fait un être humain – je pense.

Pourquoi la musique de Mozart est si grandiose ? C’est qu’il y a un silence entre chaque note. Dans notre vie, je crois qu’on doit faire des moments de silence pour écouter la note qui se termine et nous donner le temps de deviner celle qui s’en vient !

Merci.

Pierrette Richer

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  • Bonsoir
    Quelle courage ..je viens de perdre ma fille de 27 ans d’un suicide …
    Je m’en sors pas..Je gardais ma tite fille Maelle depuis ses 5 mois et depuis mon fils ma belle fille ont changer de Nounoue..elle a 7 ans..Un déclencheur de plus..Une souffrance de plus à gérer…
    Comment faire???

  • Un énorme courage de votre part Mme. Richer. Dans la vie on a le choix, de s’arrêter et ne plus vouloir continuer, ou avancer avec douleur on se comprend Et Mad. Richer est un bel exemple de courage une force énorme, Et je pense surtout qu’elle a continuée pour l’Amour de ses enfants……Elle n’a pas arrêter là, elle a continuer faut bien vivre, sinon on y passe nous aussi…….Si du moins j’avais ton courage.

    Je vous laisse en ayant une grosse pensée d’amitié et vous demande de continuer. En vous envoyant de grosses collades.

  • Bonjour,

    J’ai vu un reportage sur votre histoire lorsque j’étais enfant. Ça m’a marqué. C’était à l’émission Enjeux, de mémoire. J’ai souvent tenté de retrouver le reportage, sans succès. J’ai repensé à votre histoire très souvent dans ma vie, souvent « out of the blue ». Et voilà que ce soir, je vous cherche sur Google et je vous retrouve. Je ne sais pas pourquoi. Je suis devenue maman de trois enfants. Il n’y a pas de mots pour vous dire comment votre histoire m’a touché et ne m’a jamais quitté à travers toutes ces années. Pourquoi, je ne le sais pas. Je vous admire. Stéphanie xx

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