Un jour, l’enfant est confronté à la réalité de la mort ; que ce soit à travers la perte d’un proche ou d’un animal de compagnie. Parfois, c’est simplement à la suite d’un livre, d’un film ou d’une conversation.
Aborder le sujet de la mort suscite bien des réticences – on veut protéger son enfant – mais s’il est demandeur, il est nécessaire de l’aider à développer sa réflexion.
La mort, une réalité mise à distance
Dans nos sociétés modernes, notre confrontation à la mort s’est quelque peu désincarnée. Omniprésente dans les médias d’informations, rendue spectaculaire par le cinéma, la mort est avec le sexe, l’un des ressorts médiatiques les plus utilisés. Mais dans le même temps, elle s’est éloignée de notre vie de tous les jours.
Il n’y a pas si longtemps, plusieurs générations cohabitaient sous le même toit. Dorénavant, on vieillit en maison de retraite, on meurt à l’hôpital. La mort aseptisée est devenue une affaire de spécialistes (services de gériatrie, de soins palliatifs, etc). Une évolution sociétale avec ses bénéfices, et ses revers.
Devenue moins familière, on se sent démuni face à la mort de ses proches et on aimerait continuer à préserver son enfant. Pourtant, la mort fait partie de la vie, c’est même là, l’une de nos seules certitudes.
« Mon enfant n’a pas connu de décès,
dois-je aborder ce sujet avec lui ? »
Lorsque votre enfant n’a pas connu de décès et qu’il ne vous pose pas de questions, il est préférable d’attendre que la démarche vienne de lui, de le laisser cheminer à son propre rythme et d’éviter de lui projeter des craintes d’adulte. Viendra le moment, où votre enfant remarquera la mort d’un animal ou d’une plante et souhaitera comprendre ce qui se passe. L’occasion parfaite pour aborder le sujet, avec douceur et délicatesse.
Cette « éducation préventive » à travers une mort qui n’est pas tragique (plantes, insectes, films,…) peut s’avérer particulièrement bénéfique lorsqu’il sera confronté à la perte d’une personne proche ou d’un animal de compagnie. Par ailleurs, précisons qu’il faut éviter de minimiser la mort de son animal préféré, qui peut être plus importante à ses yeux que la mort d’un parent éloigné.
Comment expliquer la mort à un enfant ?
Il s’agit d’utiliser des mots simples et de se montrer rassurant. Vous pouvez lui expliquer que la mort est une chose naturelle, qu’elle fait partie de la vie. Les questions de l’enfant sont généralement très concrètes : « Quand on est mort, est-ce que ça fait mal ? », « est-ce qu’il fait noir ? », « si on ouvre les yeux sous terre, est-ce qu’on a peur ? »… Des questions qui n’attendent au final que des réponses claires et honnêtes, mais sans détails morbides. L’enfant sera rassuré de savoir que l’on a plus mal lorsqu’on est mort, et que même s’il fait noir sous terre, on n’a pas peur, etc.
Se montrer ouvert et disponible
Selon vos convictions philosophiques ou religieuses, les explications que vous donnerez vous seront personnelles mais montrez-vous toujours ouvert(e), disponible et encouragez-le à poser des questions. Si vous ne savez pas répondre à l’une de ses questions, dites-le-lui tout simplement. La mort est un des grands mystères de la vie, et on ne sait pas tout quel que soit son âge. Sinon, un moyen simple pour savoir à quel point l’enfant est préoccupé par la réponse à sa question est de lui demander : « Qu’est-ce que tu en penses, toi ? ».
En raison de son mode de pensée particulier (pensée magique), et même s’il vous parait indifférent, l’enfant a besoin de savoir qu’il n’est pas responsable de la mort, qu’il ne l’a pas provoqué par ce qu’il a fait, dit ou encore pensé. Suivant la maturité et l’âge de votre enfant, vous pouvez lui dire que ce qui vit peut tomber gravement malade et ne pas rester en vie, mais rassurez-le alors sur le fait que l’on peut guérir et que l’on vit généralement très vieux.
En tant que parent, vous êtes LA référence pour votre enfant. Il vous idéalise, et prendra vraisemblablement pour modèle votre propre attitude face à la mort. D’où l’importance d’aborder ce sujet avec une attitude ouverte et bienveillante.
Comme nous le détaillons dans le paragraphe suivant, la compréhension de la mort chez un enfant varie beaucoup selon son âge. Ce qui signifie qu’il aura besoin de revenir vers vous pour vous poser de nouvelles questions.
Comment évolue le concept de mort chez l’enfant ?
– Le très jeune enfant (0 à 36 mois) est surtout sensible à l’absence physique et temporaire du parent, dont il attend le retour avec impatience et angoisse. Il n’a pas accès au concept de mort, et à son caractère permanent, il perçoit néanmoins la douleur de son entourage en deuil.
– L’enfant de 3 à 5/6 ans commence à se construire une représentation mentale de la mort. Mais le caractère irréversible de celle-ci n’est pas intégré. La mort est vue comme un état temporaire, un peu comme le sommeil. On meurt, mais on peut vite ressusciter. Lorsqu’on ne connaît pas cette étape, on est généralement pris au dépourvu quand on entend : « combien de temps, il sera mort, papy ? ». Question pourtant pertinente pour cet âge.
Il n’y a rien d’anormal à ce que les enfants jouent à tuer et à simuler la mort, surtout lorsqu’ils ont perdu un proche. C’est leur manière d’apprivoiser la mort et de manifester leur deuil.
– L’enfant de 5 à 8 ans a tendance à personnifier la mort comme un être effrayant et punisseur. Peu à peu, il intégrera que tout le monde meure, que c’est un processus naturel, universel et irréversible.
– L’enfant entre 8 et 12 ans a une conception de la mort proche de celle des adultes. Il a accès à la pensée abstraite et se questionne sur la vie et son sens ainsi que sur l’éventualité de sa mort et celle de ses parents.
Pour conclure, rappelons qu’à tous les âges, le besoin essentiel de l’enfant est de se sentir aimé et sécurisé. L’enfant n’a pas tant peur de la mort que du fait d’être abandonné.
>> À lire également le dossier « Enfant en deuil : 7 ressources utiles pour l’aider »
[author image= »http://deuil.comemo.org/wp-content/uploads/2018/04/Romain-bourdu.jpg » ]Romain Bourdu, cofondateur et psychologue clinicien spécialisé dans l’accompagnement des personnes en deuil. Cliquez-ici pour me contacter.[/author]
Bonjour, j’ai lu attentivement votre article, il y a quelques semaines j’ai voulu expliquer la mort à ma fille alors que nous venions de perdre mon frère, j’ai lu un ouvrage très rapide et très clair qui s’appelle Comment expliquer la mort à un enfant d’Alexis de Venaissin.
C’est un travail difficile, mais je suis content que ma fille ait conscience de ce qu’est vraiment cette chose et qu’elle puisse partager notre deuil.
bonjour,
je suis la grand-mère d’Angèle, 21 mois. la soeur de sa maman , 32 ans, vit avec Angèle et ses parents car elle est en stade terminal d’un cancer… à son âge, vu qu’elle n’utilise pas la communication verbale (quoique), comment réagir? elle voit sa maman déborder d’activité (travail, course dans les hôpitaux avec sa soeur…) et qui en plus se sent coupable de « délaisser » sa petite….comment « préparer » Angèle? nommer les choses, dire nos sentiments…tout cela , on le fait (je suis psychologue de formation, ça aide!) mais quand même, on se sent démunis…