Séance : Perdre un proche des suites d’une maladie
Les derniers moments de vie que l’on a partagé avec la personne disparue mais aussi les circonstances de sa mort ont une profonde influence sur le vécu du deuil. Ce sont ces derniers instants que l’on se remémore pendant des mois, encore et encore, au point de s’épuiser à ressasser sans cesse un film dont on connaît les moindres détails.
Comme il est important revenir sur ce passé, nous vous proposons dans la séance d’aujourd’hui de faire le récit détaillé de ce qui s’est passé.
La qualité de l’accompagnement
Un décès suite à la maladie a généralement, pu être anticipé et préparé à minima. Dans la cas de la mort “attendue”, la qualité de l’accompagnement aura une influence sur le vécu du deuil. En fait, c’est souvent cet accompagnement qui initie le début du processus de deuil. On fait le deuil du passé en renonçant dès aujourd’hui à ce qu’on pouvait faire autrefois ensemble. On débute le deuil d’un futur qu’on aurait aimé partager et on se confronte au deuil du présent, car, jour après jour, on voit disparaître un peu plus la personne que l’on a connue. Ce qui ne veut pas dire pour autant, “détachement prématuré” car, jusqu’au bout, la personne qu’on aime est vivante, l’échange est possible, ce qui est important peut être dit…
« Attendre, c’est déjà vivre une rupture » Fernand Ouellette
Les relations avec les soignants
Dans la majorité des cas, l’environnement hospitalier est le lieu où se joue l’essentiel de la fin de vie. La place qu’il occupe dans le processus de deuil est d’une importance capitale. L’attitude des médecins et des infirmières est primordiale dans la représentation qu’on se fait de la fin de vie de la personne disparue. Être traité par l’équipe soignante avec respect et compassion offre un réconfort inestimable, et on emportera dans notre deuil un peu de cette chaleur humaine.
Mais si la prise en charge médicale s’est limitée à des perfusions, à des gestes techniques, s’il n’y a pas eu d’écoute et de place pour établir un lien avec le malade et ses proches, on retrouvera des traces de colère dans le deuil à venir.
Le soulagement parfois mêlé de culpabilité
Lorsque l’on perd un proche suite à une longue maladie, en particulier un parent, on peut sentir un réel soulagement comme si on levait un poids qui pesait sur son existence. On est soulagé de ne plus voir la personne souffrir, ne plus entendre ses plaintes, ne plus s’épuiser à s’en occuper au quotidien. On a la sensation que l’on peut enfin vivre sa vie. Si c’est votre cas et bien que cela puisse vous paraître troublant rassurez-vous, il n’y a rien de mal à se sentir soulagé.
Parfois, on a aussi la surprise de voir émerger des émotions contraires, tel qu’un inconfortable sentiment de culpabilité ou la frustration de ne plus pouvoir dire à cette personne, les griefs qui nous restent sur le cœur.
Les conseils pour aller au delà de la culpabilité
Pour continuer sur un chemin plus apaisé, vous devez vous autoriser à accueillir la complexité des émotions que vous éprouvez à l’égard de la personne disparue.
– Autorisez-vous le droit [highlight]d’aimer quelqu’un, tout en ayant de la colère[/highlight],
– Autorisez-vous le droit [highlight]d’éprouver de la gratitude tout en reconnaissant des manques[/highlight] ou en étant déçu par certains comportements,
– Autorisez-vous le droit de [highlight]vous sentir triste et de pleurer tout en étant soulagé par sa disparition…[/highlight]
Le témoignage qui nous a ému
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Visionnez le témoignage de Florence qui a perdu son mari à la suite d’un cancer.
L’exercice à mettre en pratique
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1) Prenez un cahier et écrivez ce qui s’est passé. Racontez les circonstances de la fin de vie de votre proche. N’hésitez pas à entrer dans le détail. Évidemment, quand vous ferez cela, les émotions vont venir : c’est inévitable. Mais rappelez-vous : exprimer vos émotions, c’est accomplir la 2ème tâche de votre travail de deuil.
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2) Une fois rédigé, conservez ce cahier près de vous au cas où vous souhaiteriez ajouter d’autres détails. Ce récit peut aussi vous servir de support pour échanger avec un proche.[/one_half_last]
3) Et puis, à un moment, vous n’aurez plus besoin de raconter votre récit. Vous sentirez que vous êtes arrivé(e) au bout de ce que vous pouvez dire ou écrire. C’est seulement à ce moment là que vous vous autoriserez à ranger vos écrits. Plus tard, quand vous les relirez, vous aurez peut-être la surprise de constater que, au fil des mois ou des années, votre point de vue a changé et que vous n’avez plus certaines réactions. Ce sera le constat que vous avez progressé dans votre travail de deuil.
Les autres vidéos du module « Les premiers temps du deuil »
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- Vidéo 1 : Le choc et l’anesthésie des premiers instants
- Vidéo 2 : Faire face à la confusion et à la désorientation – Vivre le sentiment d’attente
- Vidéo 3 : Les « pertes secondaires » : de quoi s’agit-il ? Comment les intégrer dans le vécu du deuil ?
- Vidéo 4 : Revenir sur les circonstances du décès : pourquoi est-ce si important ?
- Vidéo 5 : Comment faire face à la peur et à l’anxiété au cours du deuil ?[/box]
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Mon mari, qui avait 26ans de plus que moi, est parti après 2 ans de souffrances tant physiques que psychologiques insupportables. Tant de fois il a dit « je vais mourir » que lors de son départ je n’y croyais pas. Et puis, pour moi, je ne faisais pas attention à notre différence d’age; nous nous aimions, c’était tout, nous partagions tout. J’ai eu beau « souhaiter » que tout se termine quand la souffrance était trop forte, je croyais que son départ serait une « délivrance » pour les deux mais quelle erreur. Je l’aime plus que de son vivant, il m’obsède, il est comme partie intégrante de mon corps. Quand des moments de quiétude se présentent je me dis ouf, ça va mieux puis je ne sais ni comment ni pourquoi des larmes, des sanglots reviennent sans « prévenir ».
Je me reconnais beaucoup dans ce que vous dites; cela me rassure non pas quant à la douleur, mais quant à l’impression, par moment, de devenir « dingue » et sombrer dans la folie
Merci d’exister