Deuil périnatal témoignage : le retour au travail

Voici un recueil de témoignage de paranges (parents ayant perdu un tout petit) qui partagent leur expérience et leur vécu du deuil périnatal témoignages.

Deuil périnatal : comment informer l’employeur ?

Témoignage de parent : Dorothée

Je travaillais depuis quelques années dans une agence immobilière lorsque je suis tombée enceinte. J’ai joué le jeu en annonçant, lors d’un entretien privé, assez rapidement ma grossesse à mon employeur pour que tout le monde s’organise en fonction. Par bonheur, ma grossesse s’est déroulée à merveille. J’ai pu travailler jusqu’à mon congé maternité. Je n’ai pas eu besoin de m’arrêter malgré le rythme important qu’impose l’immobilier. Les clients partageaient mes moments d’attente de mon bébé. Mes collègues s’informaient des derniers achats… Bref, une grossesse agréable en tout point de vue. De mon côté, je prenais mes rendez-vous médicaux en dehors de mes heures de travail pour ne pas mettre l’entreprise en porte-à-faux. Même si tout se passait bien, on vous fait gentiment sentir qu’une employée enceinte ça ne facilite pas les choses. Parfois même certaines plaisanteries patronales viennent alourdir la situation. Selon eux, avoir des femmes dans l’entreprise c’est compliqué. Elles tombent enceinte, elles veulent des congés pour s’occuper de leurs enfants, elles veulent des aménagements de temps de travail pour passer plus de temps avec leurs petits…

Néanmoins, l’état d’esprit était positif quand je suis partie en congés maternité. Je profitais de ces derniers moments pour rester en osmose à la maison avec mon bébé. De purs moments de bonheur. J’aurai aimé rester ainsi toute ma vie. Mais ma fille ne voulant pas sortir (visiblement elle était bien elle aussi), l’obstétricien qui me suivait depuis le début de ma grossesse, a décidé de programmer le déclenchement de l’accouchement. L’issue de l’histoire est que le cœur de mon bébé a cessé de battre tout simplement, sans problème apparent pendant mon accouchement.

A ce moment-là, aucune pensée pour mon milieu professionnel sauf pour ma meilleure amie qui travaillait avec moi. Mon mari la prévient ainsi que nos familles respectives. C’est elle qui a fait le lien avec mon patron. J’ai appris plus tard, qu’il n’avait eu aucune réaction, ni démonstration d’empathie à mon égard.

Le jour des obsèques, un bouquet de fleurs avec une petite carte basique a été apporté au cimetière. Aucune présence de collègues. Le patron a fait une brève apparition en s’excusant de devoir repartir (un rendez-vous très important…). Mon amie m’a avoué des années plus tard que c’est elle qui avait acheté le bouquet et qu’elle avait mis la carte sous le nez de mon patron pour qu’il y note un mot… Ça m’a laissé bouche bée.

Deuil périnatal témoignage – témoignages de parents

Deuil périnatal témoignage d’une mamange : Froggy

Froggy Étant amie avec quelques collègues, ce sont eux qui ont prévenu mon travail sans que j’intervienne. Heureusement car je ne sais pas comment j’aurais pu moi-même le faire. Malgré tout, je pense que j’aurais certainement envoyé un email pour éviter le contact direct que je n’aurais pas pu gérer alors.
Quant à ma femme, la maman biologique de notre fils, elle a prévenu par email la secrétaire de son établissement scolaire qui s’est chargée de prévenir les autres collègues.

Aurélie Lorsque nous avons perdu nos jumelles à 22 semaines d’aménorrhées, j’ai souhaité prévenir dans la journée mes collègues les plus proches par message, je n’avais pas la force de faire autrement et mon conjoint s’est chargé d’informer ma cadre dans l’après-midi qui a pu faire le relais aux autres collègues. Ca été un choc pour eux car mon conjoint a pu expliquer les choses posément avec beaucoup d’amour et de sang froid, moi je suis restée dans ma bulle complètement bouleversée… Et cette grossesse avait crée quelque chose de chouette au travail, première grossesse et naturelle, c’était merveilleux… Du coup quand la perte inattendue arrive c’est tout aussi fort en émotions et en tristesse. Suite à cela, j’ai eu énormément de messages de soutien et mes collègues étaient vraiment mal pour nous. Ca été des mois extrêmement difficiles à dépasser.

Témoignage d’un parange : Ptitours

J’ai toujours prévenu dans la journée mon supérieur par mail. Nul besoin de donner beaucoup d’explications.

Ioulia Je travaille dans une société qui developpe des produits pour bébé, et par conséquent les bébés sont LE sujet de conversation par excellence. Lorsque je suis tombée enceinte, mes collègues etaient ravies pour moi et attendaient presque avec impatience l’arrivée du bébé. J’avais 34 ans, premier enfant, je faisais partie des dernières trentenaires sans enfant. J’ai été arretée tres tot à cause de probleme de sciatique, de fatigue très forte. Le médecin ne souhaitait prendre aucun risque car nous avions attendu près de 4 ans pour que cela marche (parcours PMA). Du coup, pendant mon congé maternité, je recevais des SMS de collègues prenant des nouvelles. Tout le monde connaissait le jour de la DPA et j’ai commencé à recevoir des SMS/mails avec la fameuse question “Pas de nouvelle, Bonne nouvelle?”. J’ai donc dû leur dire. Afin d’eviter d’autres SMS, j’ai fait un mail à tout mon service. Je ne sais pas trop pourquoi, comme pour dire que j’avais eu un bébé, malgré tout. J’étais à 40 semaines de grossesses. Je n’ai pas parlé de mort foetale in utero, je n’ai pas donné d’explication. J’ai juste exliqué que mon Simon était né, j’ai donné son poids, sa taille. J’ai exliqué qu’il nous ressemblait et que nous l’avions bercé dans nos bras, qu’il s’etait envolé. J’ai fait ce mail comme je l’avais imaginé depuis toujours, sauf que Simon n’était plus là. Je crois que ce mail etait un cri du coeur, car je suis plutôt de nature reservée. Mes collègues m’ont écrit, envoyé des messages de soutien, des fleurs pour la cérémonie. Cela m’a fait du bien les témoignages de leur soutien. Cela m’a permis de le faire exister auprès de mes collègues. Je ne le regrette pas. Au contraire, maintenant tout le monde sait que j’ai eu un bébé qui s’appelle Simon et respecte cette partie de ma vie. De toute facon, à 40 semaines de grossesse, je n’auaras pas pu faire comme si rien ne s’etait passé et je n’en avais pas l’intention. J’ai porté un enfant, il avait donc existé pour moi et il devait avoir existé pour tout le monde.

Perdre un bébé : témoignage d’Elodie, Pricilla et Alice

Elodi : Je pense qu’il faut informer ses collègues proches et son responsable hiérarchique du départ de notre grossesse. J’étais suivie en parcours pma pour tomber enceinte. Je devais m’absenter souvent du travail et des fois j’arrivais en retard. C’était essentiel que mon entourage professionnel soit au courant. J’ai été arrêtée tres tôt lors de ma grossesse. J’ai eu de la chance, mon chef a pris de mes nouvelles très régulièrement.

Priscilla : Tout dépend de l’organisation de votre lieu de travail. Pour ma part, mon conjoint a appelé sur mon lieu de travail, j’étais bien incapable de parler à qui que ce soit ce jour là.

Alice : J’ai un travail que j’adore. Quand je suis tombée enceinte de jumeaux, 3 mois après avoir eu une promotion, je culpabilisais, même si c’était une grossesse très attendue.
Je devais désormais gérer une petite équipe, et voilà que j’allais partir pour un long congé maternité…
Lorsque l’on a détecté qu’Eden avait un retard de croissance important, ma grossesse est devenue la priorité.
Néanmoins, tant que les médecins ne me disaient pas fermement de rester à la maison pour cause fœtale, je continuais à travailler, pour me changer les idées, mais aussi pour montrer que j’étais “forte” et à la hauteur de mes responsabilités. On m’avait pourtant proposé un mi-temps thérapeutique pour “prendre soin de moi”, mais je sentais que cela ne m’aiderait pas à aller mieux, il fallait que je vive et que je reste positive !
Finalement, même si j’ai parlé des soucis de ma grossesse avec la plupart de mes collègues, je crois qu’ils n’ont jamais mesuré la gravité de la situation. A l’exception d’une fois où, après une échographie qui ne laissait rien présager de bon, une collègue de mon équipe m’a gentiment demandé comment j’allais, et je me suis écroulée…

Et puis 2 semaines avant la date du congés pathologique on m’a dit qu’il me fallait du vrai repos, et cette fois pour le bien-être de mes bébés. Je n’ai pas hésité à déposer mon arrêt de travail…
Comme mon optimisme avait déteint sur mes collègues, ils n’ont pas trop compris pourquoi je devais du jour au lendemain m’arrêter, puisque après tout j’allais bien physiquement…
Par exemple mon chef m’a demandé gentiment “si je pouvais continuer mon travail en étant à la maison”, or les consignes de mon arrêt étaient “sieste, lit, chaise longue”. Il n’a pas insisté, mais j’étais gênée.
Enfin, il fallait parfois que je me force à utiliser les mots “grand risque de mort fœtale” pour que les gens se rendent compte, alors que ça me fendait le cœur de les dire.

A 31 semaines d’aménorrhée, j’ai accouché en urgence car Eden présentait un début de défaillance cardiaque. Elle n’a vécu que 2 jours… trop faible pour la vie aérienne. Notre monde s’est écroulé, mais il fallait rester forts pour notre aîné, et pour son jumeau Léo, grand prématuré, pour qui le parcours du combattant allait débuter.
C’est ainsi que j’ai véritablement fait une parenthèse dans ma vie professionnelle. Léo a retenu toute notre attention, et je me suis complètement déconnectée du travail. A part l’envoi d’un bref SMS à mes collègues les plus proches pour leur annoncer la naissance et le décès, je n’ai plus regardé mes mails, je n’ai plus cherché à connaître l’évolution de mon équipe et des projets. Priorité absolue : ma famille.
Je n’avais pas le temps, ou le courage, ou l’envie d’en faire plus, je ne saurai l’expliquer.
A part quelques exceptions, je n’ai pas eu non plus de message de soutien de leur part.

Deuil périnatal, 2 mamans témoignent : Delphine et Eleonore

Delphine C’était un weekend de l’ascension. J’ai téléphoné depuis la maternité à une collègue avec qui je m’entends bien pour qu’elle prévienne mon responsable et qu’ils diffusent l’information sans que j’ai besoin d’appeler tout le monde. Ce qui m’angoissait le plus, ‘tant en contact avec de la clientèle, c’était de devoir répondre à mon retour plusieurs fois par jour à la question:” ah vous revoilà comment va le bébé?”. Après quelques hésitations, j’ai trouvé ma phrase type et l’ai récitée comme un réflèxe.

Eleonore En ce qui me concerne, je travaillais à temps très partiel pour l’association départementale des Sapeurs Pompiers de mon département. Etant moi même pompier volontaire, je connais bien le milieu. Cette association a entre autres pour vocation à aider les pompiers en difficulté dans leur vie personnelle.
Lorsque j’ai perdu mon fils, après une MFIU inexpliquée à terme, j’en ai informé le président de l’association par mail. Il n’a eu comme seule réaction qu’un mail minimaliste qui voulait dire en gros “ah oui c’est très triste, on est désolés pour toi”. Et voilà. Zéro soutien, zéro proposition d’aide, zéro prise de nouvelles.

Comment en parler avec mes collègues?

Froggy : L’ensemble de mes collègues avaient été prévenu de la naissance et de la mort de mon fils lors d’un « brief » général le matin donc quand je suis revenue au travail, tous savaient (sauf exceptions). Comme toujours après n’importe quel drame, il y a ceux qui viennent spontanément vers vous avec tout l’empathie du monde, ceux qui n’osent pas et ne disent rien sinon des mois voire des années après, ceux qui sont très maladroits et vous blessent un peu plus, ceux qui vous évitent comme si le deuil périnatal était contagieux et ceux qui en ont rien à faire du tout (si si ça existe!). Au final, le dialogue s’est fait avec les collègues qui en « valaient la peine » et qui ont eu assez de courage/empathie/amour pour m’écouter, m’épauler et me soutenir. Autant dire qu’ils n’ont pas été nombreux. Le sujet est un réel tabou au travail peut-être encore plus que dans la vie privée.
Cela peut permettre aussi de faire un sacré tri dans les relations professionnelles de la même façon que dans sa vie personnelle.
Ma femme qui était professeur n’en a jamais parlé avec ses collègues, bien trop peureux du contact. Elle s’est retrouvée complètement seule et isolée avec le sentiment d’être une pestiférée, ce qui l’a conduit, entre autres, à quitter son poste.

3 Ptitours Il y a les personnes qui feront comme si rien ne c’était passé et ceux qui oseront faire un pas vers vous. J’ai d’ailleurs constaté avec étonnement que les personnes qui viennent spontanément vous parler ne sont pas vos collègues les plus proches.

Alexandra Ma grossesse avait déjà été très mal perçue, j’ai été très angoissée à l’idée de devoir reprendre le travail bien avant la perte de ma fille. Etant proche de ma chef je l’ai appelé rapidement après avoir su que le cœur de ma fille ne battait plus et qu’il fallait accoucher. Ma chef s’est chargée de prévenir la hiérarchie. Je travaillais dans un “groupe” ou il y avait beaucoup de monde. Personne ne m’a contacté. J’ai attendu la fin de mon congé maternité et j’ai quitté mon poste.

Ioulia En parler avec ses collègues est compliqué. Certains m’en ont parlé facilement parce que nous sommes proches. Certains ont fait comme si de rien n’etait ou m’ont evité, tout simplement. Certains n’osaient même pas me regarder dans les yeux. Les premiers jours ont été difficiles, atroces. Ce qui m’a aidé à briser la glace, c’est d’avoir accepté que soit organisé un “pot de retour”. J’ai preparé un petit discours ce jour là. J’ai exliqué que ce n’était pas simple, que j’étais contente d’être là, mais que je n’aurais pas dû revenir comma ca. J’ai expliqué que j’aurais suûrement des moments difficiles, que l’on pouvait m’en parler, que me parler de Simon était important. J’ai aussi dit que je ne voulais pas qu’on me mette de coté, que j’étais la même, juste avec un Ange au ciel… même si je ne suis plus la même. Je leur ai aussi partagé mon écriture et donné le nom du site, pour ceux qui voulaient comprendre ce que je vivais et le deuil périnatal. Les gens m’ont ecouté. C’etait un moment très fort, qui m’a fait du bien, mais aussi à mes collegues. Certains d’entre eux sont allés lire ce que j’écrivais, et m’en ont parlé avec respect et tristesse. Certains m’on parlé de Simon, de ce qui s’etait passé. Mais une fois, pas plus.
A date, mes collègues respectent complètement mon histoire. Je crois que le fait de leur exliquer ma nouvelle vie fait qu’ils sont respecteux et bienveillants. Ils comprennent que j’ai une sorte de “double vie”, je crois.
Ce qui est bizarre avec le recul, c’est la distance que cela met avec les gens : ils sont mal à l’aise alors que c’est vous qui êtes mal. Le malaise s’est dissous avec le temps, mais cela demande un réel effort. Par contre, il y aura toujours des gens qui ne feront aucun effort de délicatesse, n’hesitant pas à parler des difficultés de leur accouchement devant moi…

Priscilla Par la suite, beaucoup de mes collègues m’ont envoyé des messages de soutien.
Après tout dépend du degré d’intimité que l’on a avec ses collègues, si on se sent assez à l’aise pour en parler. Chacun réagi comme il le peut. L’important est de faire en sorte que ca se passe au mieux .

Alice Plus tard j’ai appris que mon histoire avait beaucoup ému, et que mes collègues n’avaient pas osé me contacter… Je ne leur en veux pas.
Je pense que si je n’avais pas eu Léo à gérer, j’aurai été extrêmement affectée par ce silence. Après tout, je donnais tellement pour mon entreprise, autant au niveau opérationnel qu’humain, je méritais peut être mieux ?
Même si nous nous sentons très proches de nos collègues, je pense que dans ce type de drame, la distance se fait très facilement. D’abord parce que les collègues sont généralement les dernières personnes vers qui l’on se tourne : nous nous dirigeons d’abord vers notre famille, nos amis. Ensuite parce que leur instinct les poussent à s’effacer, pour nous laisser gérer le drame sans nous “embêter”, puisqu’un collègue, rappelle forcement le travail…
Avec un peu de recul, je pense qu’il vaut mieux tendre une main, ouvrir une porte, expliquer avec des mots sans détresse la situation pour amorcer le dialogue…
Je précise sans détresse, car j’ai l’impression que la faiblesse dans le milieu professionnel est malheureusement mal perçue et peut remettre en question les compétences…

Eléonore La plupart de mes collègues l’ont appris directement par moi, via les réseaux sociaux, ou bien plus tard en me croisant, au “hasard” de la conversation (ce qui m’a valu quelques moments pénibles, genre “bah alors il est où ce bébé ?”)… Mes employeurs n’ayant pas daigné faire circuler le message. Certains ont osé me contacter plusieurs semaines après, par différents moyens, et ça m’a beaucoup touchée. D’autres n’ont pas bronché, ce que je peux entendre, ça reste un sujet très compliqué…

A quoi ai-je droit ? (Congé maternité, thérapeutique à temps partiel…)

Froggy Ma femme a bien sûr eu son congé maternité qu’elle a fait prolonger par un arrêt de plusieurs mois derrière. N’étant pas la mère biologique de mon fils, je n’ai eu le droit qu’à des jours de congé légaux liés à l’hospitalisation, la naissance, la mort puis les funérailles de mon fils. L’hôpital m’avait délivré un arrêt de travail de quelques jours que j’ai fait prolonger par mon médecin généraliste pendant 4 mois avant de passer en mi-temps thérapeutique pour 6 autres mois. Pas de congé parental (anciennement congé de paternité) pour moi puisqu’en couple lesbien, je n’étais nulle part reconnue en tant que mère.
L’hôpital nous a informé d’aide psychologique mais qui se déroulait dans l’enceinte de l’hôpital et pour nous, il était bien sûr impossible de retourner de près ou de loin dans cet établissement. Un des docteurs venu nous voir après nous a tout de même conseillé un gynéco gay-friendly quand nous lui avons demandé, gynéco que nous avons toujours. C’est tout.
La CAF de Paris nous a contacté 1 mois après la mort de notre fils et une jeune femme est venue à la maison nous expliquer à quoi on avait droit de leur part. La CAF a été le seul organisme à nous avoir considéré comme un « vrai » couple (c’était en 2013) et moi comme la vraie deuxième maman. Le coût des funérailles a été remboursé par la CAF sur présentation de la facture et ils ont proposé de nous payer un « voyage » de quelques jours en Angleterre chez de proches amis selon un devis que nous leur avions soumis. La jeune femme nous a également donné une liste de psys mais ma femme étant anglophone, aucun ne parlait anglais ! En fait, vu l’apparente complexité de notre cas (!!), couple lesbien franco-américain, on ne rentrait dans quasiment aucune case d’aides, sauf pour la CAF de Paris.

Deuil périnatal : un suivi psychologique

3 Ptitours L’hôpital nous avait tout expliqué, s’il y a accouchement et que l’on peut observer le sexe du bébé vous pouvez le déclarer à l’état civil mais ce n’est qu’en cas de naissance après 22 semaines aménorrhées que vous pourrez bénéficier de votre congé maternité. Toute naissance après 22 semaines comptera dans le calcul de la durée de votre prochain congé maternité.
De plus en plus de maternités offrent un suivi psychologique gratuit à leur patiente.
Dès l’instant ou on vous délivre un acte de naissance sans vie, vous pouvez déclarer votre enfant aux impôts et bénéficier 1/2 part pendant 1 an (cf la “brochure pratique 2017” des impôts, page 65 : “Un enfant né en 2016 et enregistré a l’état civil est compté à charge en 2016, même s’il décède en cours d’année. Il en est de même pour les enfants morts-nés en 2016 qui ont donné lieu à un acte d’enfant sans vie”).
Renseignez vous auprès de votre assureur, certain prennent en charge les frais d’obsèques. La CAF nous avait également adressé une liste d’associations vers lesquelles nous aurions pu nous tourner en cas de besoin.

Ioulia J’ai eu droit à un congé maternité car j’étais à 40 SA de grossesse. J’ai egalement eu droit à un suivi psychologique pris en charge par la clinique sur les premières seances. J’ai pu faire une réeducation du periné comme toute femme ayant accouché. Concernant les frais d’obsèques, “une assurance/prévoyance” auprès de mon entreprise a debloqué une somme pour nous aider dans le règlement.

Priscilla A partir de 22 Sa , vous pouvez bénéficier du congé maternité et un suivi psychologique peut vous etre proposé dans le service de maternité.

Elodie L’hopital m’a très bien expliqué à quoi j’avais droit.

Alice J’ai eu le droit à mon congé gémellaire, même si je n’avais plus qu’un enfant…
Personne ne m’a jamais fait de remarque sur la longueur du congé, mais j’ai parfois senti une once de curiosité, alors j’ai toujours pris les devants en indiquant que j’y avais quand même droit et que c’était une bonne chose pour Léo et pour moi.
J’ai un collègue qui m’a souvent demandé d’écourter mon congé, mais plutôt sur le ton de l’humour car je manquais… alors je l’ai bien pris.
J’ai ensuite repris à plein temps, mais c’est surtout parce que dans mon entreprise un temps partiel n’est qu’une illusion : la charge de travail reste la même.

Eléonore Nous avons le droit au congé maternité dans son intégralité si la grossesse a duré plus de 22SA. Si votre bébé est déclaré à l’état civil vous pouvez également le déclarer la première année aux impôts. La CAF nous a versé les trois premiers mois de la PAJE, ainsi qu’une allocation exceptionnelle pour les obsèques de notre petit garçon (en fonction des revenus, entre 500 et 1000€). Nos assurances n’ont par contre rien pris en charge… Le suivi psychologique est gratuit, également, via le CMP. L’assistante sociale de l’hôpital nous a été d’un grand secours.

Qu’est ce qui a aidé pour revenir au travail après mon deuil ?

Dorothée Les semaines qui ont suivi ont tellement été terribles pour moi que je me suis renfermée sur moi-même. J’ai évité tout contact avec le monde extérieur. Ma santé mentale n’était pas bonne alors mon médecin a prolongé mon congé maternité par un congé maladie. J’étais sous médicaments donc impossible pour mois d’affronter le travail. Aucune nouvelle de mon employeur ni de mes collègues à part mon amie qui travaillait avec moi. Alors je craignais le retour, les regards, les éventuelles remarques.

Quatre mois plus tard, il m’a fallut affronter le monde du travail. Financièrement je n’avais pas le choix que de réintégrer mon poste. Je n’ai pas été informée à la sortie de l’hôpital par une quelconque aide ou un quelconque aménagement de travail possible. A part un arrêt maladie classique, je ne savais pas quoi faire d’autre. Je me suis sentie lâchée, abandonnée. Personne pour nous guider dans les douloureuses semaines qui ont suivi.
C’est avec le mal au ventre que je revenue au bureau, après avoir averti mon patron par courrier de ma date de retour.
Encore une fois, il a pestiféré que mon retour ne l’arrangeait pas car il était persuadé que j’étais assez dépressive pour ne pas revenir. Il espérait que je démissionne. Il avait embauché quelqu’un à ma place.
J’ai fait mon premier jour dans un état de détresse intense. Je n’avais plus aucun repère. A part, mon amie qui me soutenait, personne n’est venu me voir, me parler. J’ai eu la visite de mes clients qui venaient me demander comment allait mon bébé, comment il s’appelait, si c’était une fille ou un garçon.
Je m’effondrait en courant aux toilettes.
Quand je croisais mon patron dans les couloirs, il soufflait et levait les yeux au ciel. La situation était insupportable. Un jour, je suis allée le voir pour lui dire que je n’allais pas bien du tout. Il m’a répondu que ce n’était pas grave ce qui m’était arrivé. Qu’il fallait que je me bouge pour passer à autre chose…
A ce moment-là, j’ai pris conscience que la vie professionnelle telle que je la connaissais, n’était plus possible pour moi.

Aurélie J’ai eu la chance d’être bien soutenue au travail, que ce soit par ma chef ou mes collègues proches, je pouvais prendre tout le temps nécessaire pour prendre le temps de revenir au travail, le temps pour moi s’est arrêté, plus rien n’avait d’importance. Deux mois se sont écoulés avant que je puisse reprendre le travail, j’ai eu un entretien avec ma cadre qui souhaitait me voir avant la reprise pour que je puisse m’exprimer sur la perte de mes filles et voir si j’étais apte à reprendre le travail puis elle s’est confiée en me disant qu’elle avait elle aussi vécu cette situation, elle a pris le temps de m’expliquer son vécu à elle et je me suis sentie comprise dans ma tristesse puis elle m’a invité à aller voir une psychologue spécialisée dans les traumatismes et elle a même pour moi réussi à avoir un rdv rapidement car je sombrais malgré ma bonne volonté de dépasser ce malheur. J’ai compris à ce moment là que sans cette aide je ne pourrai pas m’en sortir seule, j’avais besoin de quelqu’un de compétent pour faire mon travail de deuil et atténuer ma colère de ne plus avoir nos filles parmi nous…. Ces séances m’ont fait un bien fou, j’ai compris que je n’étais pas responsable de la perte de mes filles, que je pouvais rien y faire, ça été un long travail personnel et psychologique et sans ça j’aurai pas pu reprendre le travail. Et suite à ma reprise, j’ai pu aussi poser beaucoup de congés sans souci, ce qui fait que j’ai pu reprendre en douceur. Il est clair que j’étais beaucoup moins motivée et énergique qu’avant mais mes collègues se contentaient de ma présence sans en demander trop. J’ai ainsi pu reprendre ma place tout doucement même si les regards sont très douloureux à supporter.

Elodie Mon chef m’a accompagné dans ma reprise au boulot. Il a eté tres comprehensif. J’ai oublié la visite de reprise de travail avec la médecine du travail. En fait, le medecin ne savait pas pourquoi j’ai été arrétée et pourquoi je devais venir en visite. Je lui ai expliqué que j’avais accouché à 21 sa + 6, la seule reponse qu’elle a su me dire c’est mais ça a dû etre horrible ce que vous avez vécu. Je l’ai trouvé tres maladroite et sans vraiment d’empathie. Elle arrêtait pas de me dire mais vous êtes sûre de vouloir reprendre si tôt car je repris 1 mois apres les oseèques de Yael. De retour au bureau, j’ai été voir mon collegue de la drh pour lui dire qu’il aurait pu prévenir le médecin du travail de la raison de mon arrêt mais il n’eétait pas au courant lui même. Seul le rh était au courant.

Delphine On m a accordé un temps partiel pour profiter de mon fils aîné le mercredi et pourtant mon entreprise n’y est pas favorable. Je leur en suis vraiment reconnaissante.
Mon mari voulait que j’écourte mon congé maternité pour m’occuper l’esprit. J’avais droit à plus de 5 mois. J’ai décidé de profiter de ce temps pour moi et ma famille. Je savais qu’on ne me ferai pas de cadeau à mon retour au travail que l’on m’en demanderait autant que les autres et je n’etais pas certaine d’avoir la patience pour gérer de la clientèle.
Le plus difficile a été pour moi de rentrer physiquement sur mon lieu de travail, à la fois parce que j’y etais passée 2jours avant la perte de mon fils portant fièrement mon gros ventre et à la fois parce que j’avais peur du regard de mes collègues qui allaient me demander : ca va? J’ai donc d’abord été manger un midi avec eux avant mon retour puis suis repassée une fois à l’improviste, un jour ou je me sentais prête. Ceci m’a aidé pour retourner au travail ensuite.

Reprendre le travail après le deuil, ce qui dépend de vous :

Froggy Prendre le temps est ce qui m’a aidé à la reprise du travail. Prendre le temps de redevenir apte à fonctionner, c’est-à-dire être à nouveau capable de me lever selon un réveil, de manger, de me doucher, de m’habiller, de parler et d’interagir un tant soit peu avec les autres. C’est pourquoi après 4 mois d’arrêt complet, j’ai repris le travail à mi-temps thérapeutique pendant 6 mois. Les 2,5 jours de travail par semaine m’ont permis de reprendre en « douceur » une vie professionnelle et des interactions sociales avec les collègues. Ces quelques jours de travail me prenaient beaucoup d’énergie aussi bien physique que mentale et j’étais ensuite littéralement épuisée. L’autre aide essentielle a été d’avoir de très bons amis au travail qui pendant toute cette période ont fait attention à moi en étant très protecteurs et en m’apportant un soutien quotidien. J’ai également refait la « décoration » de mon bureau en accrochant des photos de mon fils et ma femme pour m’aider à tenir dans les moments difficiles.

Priscilla j’ai été voir mes collègues et mon service avant de reprendre réellement. Ca m’a permis de désacraliser le moment fatidique de la reprise.

Ioulia Ce qui m’a permis de revenir, c’est de me sentir vraiment prête grace notamment à l’aide de la psychologue. J’ai repris le travail 4 mois apres la perte de Simon. C’etait le bon moment. J’en avais besoin car travailler est une source d’épanouissement personnel pour moi. En premier, j’avais assisté à une journée de réunion, histoire de voir tout le monde et voir que j’en étais capable. Tout s’est bien passé ce jour là. Tout le monde était content de me voir sincèrement, je pense. J’ai repris le travail quelques semaines après.
Aussi, nous avons une convention nous permettant de prendre 20 jours de télétravail par an, je l’ai signée. Cela me permet de souffler un peu pour gérer la fatigue émotionnelle de la reprise du travail et du retour dans le “vrai” monde, mais aussi de m’organiser dans le cadre du suivi de mon cancer ( Simon est decedé à cause de mon Cancer du placenta).
Autre chose qui m’ aidé : J’ai accroché sur mon bureau une étoile avec marqué Simon dessus. Une manière pour moi de renvendiquer mon enfant, mais surtout l’avoir près de moi. Personne ne m’a jamais rien dit.
Le plus difficile dans la reprise c’est que tu prends beaucoup sur toi, sur les conversations que tu entends, sur ce que disent les gens sans réfléchir, sur la thématique bébé car je travaille dans l’univers du bébé… Ce qui depend de nous , c’est notre capacité à puiser une force incroyable tout au long de la journée, tout en pleurant le matin dans sa voiture et le soir en rentrant du boulot… Les premiers mois sont vraiment une étape du deuil difficile pour laquelle il faut se sentir prêt, car cela demande une énergie, une volonté et une résilience completement surhumains. Il faut parfois s’avoir s’isoler lorsque les converstions peuvent faire trop mal. On apprend à trouver des pretextes pour sortir d’un bureau… et on se protège comme on peut.
Mais il y a toujours des personnes bienveillantes sur lequels ont peut s’appuyer car elles ne disent pas forcement quelque chose, mais avec des sourires ou des gestes, on comprend leur soutien.

Alice Une fois Léo sorti de néonatologie, c’est-à-dire 1 mois et demi après le décès d’Eden, j’ai envoyé un email à l’ensemble de mes collègues pour leur expliquer plus précisément le décès d’Eden et le parcours de Léo. J’ai également indiqué que je prévoyais de leur présenter Léo bientôt.
Je suis venue leur rendre visite avec ma petite crevette, et j’ai vu dans leurs regards beaucoup de compassion ce qui m’a fait du bien. Ils n’ont en revanche pas abordé le sujet d’Eden, toute l’attention était sur mon tout petit Léo (il faisait 2,2 kg !)
Ma situation était certes particulière, car j’avais l’excuse de “présenter un bébé”, mais je pense qu’il est important de passer voir les collègues avant la reprise, un jour ou l’on se sent bien peut être…
Par la suite, j’ai participé au Noël de l’entreprise : des activités sportives et un restaurant et je ne regrette vraiment pas. J’ai retrouvé les rires, les ragots, bref l’ambiance de l’entreprise qui m’a rappelé que la vie continuait.
On m’a demandé vaguement des nouvelles de Léo, mais toujours personne pour évoquer Eden… à l’exception de mon chef, qui m’a demandé “Si j’étais bien remise de mon deuil”. Je crois avoir bafouillé un “euh… en fait c’est dur, mais ..euh”, et nous avons été interrompus !
J’ai alors pris conscience que certains sont persuadés qu’on se remet forcement vite de la perte d’un bébé qui n’a pas ou à peine existé…

Eléonore je ne suis pas retournée travailler. Impossible pour moi de retourner travailler là bas, pour des gens ayant aussi peu cas de moi. Pas un contact de mes employeurs, pas une proposition d’aide (alors que l’association servait en partie à ça !) et pas non plus un mot de soutien. C’est moi qui ai dû les recontacter à la fin du congé maternité pour demander une rencontre pour fixer la suite. Au final, ils m’ont annoncé vouloir clôturer mon poste…

Deuil et retour au travail, ce qui dépend des autres :

Froggy Étant dans un grand groupe, plusieurs services de mon travail avaient envoyé des fleurs lors des funérailles. Le directeur, après « négociations » avec une collègue/amie très proche, avait « permis » à ceux qui le souhaitaient de venir assister aux funérailles. Ainsi tout mon service s’était déplacé. Au retour dans l’entreprise, ma hiérarchie a été très compréhensive dans les mots. Dans les faits, malgré une masse salariale de dizaines de milliers de personnes, absolument rien n’est prévu pour faciliter et accompagner le parent désenfanté au retour au travail. Ça me semble être du cas par cas et lié à la chance et au hasard d’avoir une hiérarchie humaine et empathique ou pas.
Lors de mon entretien de reprise par mon chef direct, un homme, celui-ci sans jamais évoquer la mort de mon fils, m’a conseillé d’aller voir mon autre chef, une femme, pour tout ce qui concerne les « trucs de filles », j’en ai déduit que le deuil périnatal en faisait partie ! Quelques mois après, lors de mon entretien annuel, le même me faisait remarquer qu’il n’avait pas fait mention de mon deuil car « pour lui ce n’était pas important » ! 3 ans après, il en rajoutait une couche en me proclamant qu’étant un homme, il ne pouvait pas comprendre le deuil d’un enfant. Ai-je seulement besoin d’en dire plus ??!!
La RH m’a convoquée une fois pour des banalités administratives sans me proposer aucune aide d’aucune sorte. Le médecin du travail n’était pas au courant de ma situation (!!!) et n’a fait que compatir à ma douleur (c’est déjà mieux que beaucoup!!) mais lorsque je lui ai dit que je n’avais pas les moyens de payer au bas mot 600€ par mois non remboursés pour des visites chez le psy pour ma femme et moi, elle m’a conseillée de contacter les services municipaux d’aides psychologiques ou d’appeler le numéro vert « psy » mis en place par mon groupe. Elle a quand même tendu une boîte de mouchoirs quand je me suis effondrée dans son bureau !
Rien, absolument rien n’est fait dans le monde de l’entreprise pour le retour au travail après un drame. Il y a certes de la bienveillance (parfois) lors des premiers mois mais la mort d’un enfant impacte la vie du salarié pour toujours et il n’y a aucun suivi, aucune considération et reconnaissance de notre deuil sur les années d’après. 4 ans après, j’ai dû me battre comme un chien pendant plus de 6 mois pour contester une décision arbitraire de ma hiérarchie qui aurait compromis mon bien-être mental. Eux avaient considéré que la page était tournée et s’étonnaient que je puisse encore souffrir de ce drame. Ben non, il n’y a pas de date d’expiration dans le deuil périnatal.

Priscilla Je ne sais pas quoi répondre a cet item car je pense quil n’y pas grand chose ( voir rien du tout) mis en place pour reprendre le travail dans les meilleurs conditions.

Alice J’ai également l’impression que rien n’est fait au sein de l’entreprise pour faire face à ce genre de situation. C’est un travail sur moi-même qui m’aide à travailler dans de bonnes conditions, mais je me questionne beaucoup sur la perception des autres : peut être que s’ils avaient été sensibilisés en amont (par une formation par exemple), tout serait plus facile.

Ioulia Pour l’enteremment de Simon, le comité de direction a fait livrer des fleurs, ainsi que mes collegues avec des mots très touchants. Je les garde précieusement dans une boite et je les garderai toujours. Aussi, dans mon cas, je pense que la convention des 20 jours de télétravail par an m’a beaucoup aidé. Il s’agit d’une possibilité offerte à tous les salariés. Mais dans mon cas, c’est un vrai plus. J’ai aussi eu un rdv avec la RH, mais je n’ai pas forcement voulu m’étaler sur le sujet, j’ai dit que tout allait bien, j’avais peur d’etre “jugée”. Je ne voulais pas non plus porter une étiquette de “la femme en deuil”.
Le moment qui a été vraiment difficile c’est avec le médecin du travail. C’est une personne de la société. Lorsque notre entretien a commencé elle a regardé mon dossier et a dit ” Félicitations, je vois que vous revenez d’un congé mat! ” Je lui ai repondu qu’il n’y avais pas de raison de me feliciter. Un moment difficile ( pour elle et) pour moi… J’ai retenu mes larmes, car j’ai eu peur d’être jugée inapte au travail. Et comme mon travail a toujours été important pour moi, j’ai eu peur qu’on me dise qu’à cause du deuil, je n’arrive pas à travailler ou que mes commeétences étaient altérées. J’ai pleuré dans les toilettes, lorsque l’entretien s’est terminée. Je l’ai vraiment mal vécu. Je pense que dans ce type de cas, il faut que le manager demander au salarié s’il souhaite que le médecin du travail soit prévenu pour éviter ce genre de situation.

Eléonore Comme Priscilla, je ne sais pas quoi répondre : rien n’est “acté” pour ce genre de situation.

En quoi le rapport au travail change après la perte d’un tout petit ?

Témoignage quoi dire

Froggy De la même façon que toute notre vie et ses priorités changent à jamais, le rapport au travail est à jamais modifié lui aussi. Devant l’injustice la plus ignoble de perdre son enfant et de voir ses propres naïvetés ou crédulités détruites pour toujours, je n’aspire plus qu’à être vraie et sincère et à choisir une voie qui m’ approchera d’un bonheur qui nous a été refusé de la plus brutale et douloureuse des façons. Dans le cadre d’un travail juste alimentaire et qui n’est donc pas une passion, ce n’est plus la priorité et encore moins quand la société dans laquelle je travaille n’a pas eu de considération pour moi-même et mon enfant décédé.
De façon générale, je ne peux plus du tout accepter d’être mal traitée par quiconque, je cherche un sens à la vie (en réaction au non-sens de la mort de mon fils) et par conséquent dans mon travail aussi. Je cherche aussi à rencontrer mes aspirations les plus profondes dans un travail qui correspondrait à celle que je suis devenue maintenant. C’est pourquoi j’envisage une reconversion professionnelle dans un domaine qui m’a toujours passionné et qui est devenu essentiel pour moi.
D’autre part, c’est aussi le rapport aux autres qui change et notamment aux collègues. Les enfants étant LE sujet principal et récurrent des conversations de bureaux, il devient alors très difficile de gérer les plaintes incessantes des collègues par rapport à leur progéniture, type : « j’en ai ras le bol de me lever toute la nuit ; les gosses étaient si insupportables hier que je les aurais bien balancés par la fenêtre etc… » quand ce n’est pas agrémenté de « toi t’as de la chance, tu ne sais pas ce que c’est ! » Les gens finissent par oublier la violence de leurs propos et oui, j’aurais adoré me lever la nuit et être épuisée au petit matin pendant des mois !
De la même façon, les priorités de vie ayant changé, il devient insupportable d’entendre ses collègues râler et se plaindre de n’importe quelles futilités sans gravité comme si c’était la fin de leur monde ! Il faut arriver à tout gérer, à ne pas se sentir coupable de parfois les détester et à être indulgent avec soi-même. Les conséquences d’un tel drame et le stress post-traumatique qui en résulte sont si profonds et durables qu’on ne peut envisager la vie et notamment le travail comme avant.

Aurélie J’étais différente, la perte d’enfant c’est une énorme douleur, mon sourire, ma bonne humeur n’étaient plus là mais j’avais besoin de travailler plutôt que de tourner en rond à la maison. J’étais là mais pas là à la fois, je faisais au mieux sans me forcer, plus rien n’était grave après un tel évènement. Et je me suis rendue compte que le mieux aurait été de changer de lieux de travail mais ma chef voulait me garder mais ça été difficile de revenir et ça m’a fait plus de mal que ce que je pensais. Les collègues étaient tristes pour moi, leur regard difficile à supporter.

3Ptitours Il a fallut que je fasse de gros efforts pour retourner travailler, j’étais encore dans une bulle déconnectée du monde. Il m’a fallut des mois pour retrouver de l’intérêt à mon job. Je n’étais pas carriériste et aujourd’hui encore moins. Je vais travailler pour avoir de quoi vivre mais le plus important restera ma famille.

Priscilla Avant je me laissais facilement happer par le stress et par mon boulot. Maintenant je pense que ca ne vaut pas la peine de se mettre mal pour le travail. Je prend beaucoup plus de recul sur les événements.

Alice J’ai repris il y a un mois et je constate que mon rapport au travail n’a pas vraiment changé, j’ai gardé la motivation et l’enthousiasme d’aller bosser.
Néanmoins je me mets (peut être inutilement) une certaine pression : refaire mes preuves …
En fait je voudrais que mes collègues soient conscients de ma souffrance, mais aussi qu’elle n’altère en rien mon travail, que je suis toujours à la hauteur.
Je ne veux pas porter une étiquette “A perdu un bébé” qui pourrait amener de la compassion lorsqu’il faut me prendre au sérieux.
Finalement, je n’ai pas changé ma façon de travailler, d’être efficace, et je veux qu’ils en soient convaincus… mais j’ai changé ma façon d’être : je ne suis plus la même, et je suis plus fragile…
Dernièrement, lors d’une réunion un peu mouvementée, j’ai senti les larmes monter ! J’ai inspiré, expiré, je me suis répétée “tout va bien, ce n’est pas une situation difficile, tu vas y arriver” et j’ai réussi à me contenir…
Une autre fois, pour m’aider à me concentrer comme j’avais l’habitude de le faire, j’ai mis mon casque et écouté de la musique un peu mélancolique… ça n’a pas eu du tout eu le même effet qu’avant : la musique m’a rendue si triste que je suis allée pleurer aux toilettes…
J’ai souvent envie de laisser mes larmes couler sans me cacher et qu’on me prenne dans les bras… mais je ne le fais pas, j’ai trop peur de mettre en défaut ma crédibilité…

Delphine j’aime toujours beaucoup mon travail mais j’en attends beaucoup moins de choses. Moins de reconnaissance. Je travaille pour moi et plus pour les autres

Ioulia Ce qui a changé c’est ma capacité à prendre du recul et surtout d’avoir une vision globale des choses. Mon stress est réduit à son minimum car rien n’est reellement grave après la perte de mon enfant et le suivi du cancer. On peut toujours trouver des solutions pour le travail, car ce n’est “que” le travail. Je me sens plus forte, moins réservée. Je me sens capable d’oser des choses, d’aller voir des gens que je ne connais pas. Je crois que cette épreuve m’a vraiment rendue plus forte. Je puise mon énergie et ma force dans l’amour de mon enfant et son souvenir.

Eléonore Je me suis dit : PLUS JAMAIS je ne resterai dans un travail qui ne me respecte pas. Ce n’est plus important. Ma priorité aujourd’hui n’est plus de travailler pour travailler, mais d’être heureuse et épanouie, pour ne pas laisser le désespoir m’envahir.

Les conséquences d’une démission, abandon de poste, licenciement et comment rebondir?

Dorothée Je suis rentrée chez moi. J’en ai parlé à mon mari. Nous avons décidé de changer pas mal de choses dans notre vie pour repartir à zéro. Un nouveau départ était nécessaire pour nous. Nous avons pris la décision de quitter la région où nous étions pour nous rapprocher de notre famille.

J’ai démissionné sans faire de préavis grâce à l’aide de mon médecin traitant. Je n’ai plus jamais remis les pieds à mon travail. Ce fût un réel soulagement. Je n’ai plus jamais eu de nouvelle de mon patron tout comme mon entourage professionnel. Ça ressemblait tellement à « chacun fait sa vie, et c’est comme ça. »

Mon mari a obtenu de son côté une rupture conventionnelle. Son patron a fait autant que possible pour arranger sa situation. Mon mari a eu beaucoup plus d’humanité de son côté. Il a aussi eu énormément de soutien de tous ses collègues qui ont gardé contact bien après son départ. Comme quoi, une entreprise ou un patron ne fait pas l’autre…

Arrivée dans notre nouvelle région, je suis allée m’inscrire comme demandeur d’emploi. On m’a sermonné quant au fait que je me suis permise de démissionner, car à notre époque le travail devient rare. J’ai expliqué dans quel contexte je m’étais permise cette démission. La conseillère s’est excusée et est sortie un moment de son bureau. A son retour, elle m’a dit qu’elle avait expliqué ma situation à son patron et qu’ensemble ils avaient considéré que j’étais aussitôt indemnisable malgré la démission.
Je venais de rencontrer quelqu’un de très humain qui s’était donné du mal pour me faciliter la vie.

J’ai pu passer les quelques mois qui ont suivi à me soigner, me reposer, à essayer d’affronter ma nouvelle vie.

Froggy Ma femme qui était professeur a dû changer de carrière, ne pouvant plus gérer l’animation d’une classe qui demande énormément d’énergie qu’elle n’avait plus.
Elle a retrouvé du travail en bureau pendant quelques mois, expérience catastrophique lié au narcissisme de la responsable qui la discriminait en raison de son homosexualité et même de la mort de notre fils (!!), avant de trouver un autre poste qui lui permet de travailler à temps plein à domicile. De cette façon, elle n’a plus à gérer le comportement des collègues et de la hiérarchie en permanence même si l’isolement est parfois difficile. Elle cherche toujours une voie qui correspondrait mieux à ses aspirations.

« Les gens ne savent pas quoi vous dire »

Aurélie Si j’avais su je me serai plus écoutée, j’aurais du démissionner, c’est trop douloureux de revenir après le décès de ses enfants. Les collègues sont perdus aussi, ne savent pas quoi vous dire ou vous étouffe. Du coup quand c’était trop dur, je me mettais en arrêt et puis 8 mois ont passé et j’ai décidé de passer mon concours infirmier pour pouvoir partir et je l’ai eu. Je suis également à nouveau enceinte alors c’est compliqué le regard des autres au travail. Aujourd’hui en arrêt définitif car à 6 mois de grossesse et le concours réussi, je me dis que je me suis trop infligé le fait de rester dans ce lieu de travail et que si j’étais partie comme ma petite voix me le disais au lieu d’écouter ma chef et mes collègues… je me serai moins rajouté de souffrance à ma douleur existante.

Comment prendre la décision de retourner, ou non, au travail?

Elodie Il faut se sentir prêt à affronter le regard des autres.

Ioulia Je pense qu’il faut se sentir prêt. Etre à l’écoute de soi. Etre égoïste positivement. Il faut retourner au travail seulement si on est prêt et si on prend du plaisir dans son travail. Dans le cas contraire, cela doit être difficile. J’ai de la chance d’aimer mon travail et si cela ne me plaisait pas, y passer 10h par jour tout en eétant pas bien à cause du deuil, cela ne m’aurait pas aidé à aller mieux, même si la douleur n’a pas disparue pour autant.

Alexandra Ma situation n’étant pas comprise dans l’entreprise dans laquelle je me trouvais ( arrêt cardiaque à 32 sa), j’ai fait le choix de partir. J’ai demandé un entretien pour faire une rupture conventionnelle. Lors de cet entretien mon chef a complètement minimisé ma situation : “c’est bon tu vas t’en remettre”. J’étais encore plus sûr de vouloir partir. Après mon départ je suis tombée enceinte. Je consacre aujourd’hui ma vie à être une bonne maman. Je suis heureuse de ne pas avoir eu à reprendre le travail et a ne pas devoir me justifier sans arrêt.

Eléonore J’ai négocié une rupture conventionnelle. Je n’ai aucun regret ! J’ai bénéficié de quelques mois de chômage, et par hasard, j’ai retrouvé du travail. Un travail dans lequel je m’épanouis.
Je crois qu’il faut être au clair avec ce qu’on souhaite, reposer les bases, et ne plus transiger sur le respect. Faisons nous confiance, attendons d’être prêt(e)s et les situations finiront pas se débloquer. Ne pas hésiter à demander un congé maladie si on en éprouve le besoin.

Quels sont les conseils que vous auriez aimé avoir avant de retourner au travail?

Dorothée Il pourrait être intéressant d’avoir quelqu’un qui fait le lien à la sortir de l’hôpital pour vous dire ce que vous pouvez faire pour reprendre contact en douceur avec l’employeur. Un médiateur serait l’idéal car on n’a pas toujours la force d’affronter, dès le début, une conversation téléphonique ou même une entrevue pour expliquer l’épreuve que nous devons affronter.
J’aurai aussi aimé être plus soutenue psychologiquement. On nous a « conseillé » de voir quelqu’un par la suite si on en ressentait le besoin. Mais on a aussitôt été lâché et prié de reprendre notre vie comme si rien ne c’était passé.
Quand on vit une telle épreuve, on s’aperçoit alors qu’il y a un véritable gouffre pour sortir de l’horreur de la situation et se rapprocher de la vie « normale ». Le fait qu’on ne soit entouré dans aucune démarche nous paralyse. Chaque chose à faire, chaque administration à contacter alourdi encore plus l’épreuve. On aimerait tellement être davantage soutenu et entouré pour alléger le drame.

Froggy La volatilisation de certains « amis » à la suite de la mort de notre fils m’avait déjà préparée à ce que cette réaction se reproduise au sein de l’entreprise, je savais déjà que certains me fuiraient et m’éviteraient. Avec certainement l’aide d’un psy, il faut se préparer à être de nouveau blessé par l’attitude et le silence des collègues (sauf exceptions) voire de sa hiérarchie.
La durée des effets du deuil périnatal n’est pas prise en compte dans l’entreprise, la hiérarchie a été compréhensive quelques mois mais quelques années après, elle a considéré unilatéralement que la page était tournée, il n’y a pas eu de bienveillance dans la continuité.
En définitive, j’aurais souhaité que LES AUTRES (collègues et hiérarchie) soient conseillés ou informés de la meilleure attitude à avoir avec moi, qu’on leur explique le traumatisme et ses conséquences à court et long terme. Ce n’est pas un régime de faveur ad vitam aeternam que je réclame mais simplement de les informer de l’impact du deuil périnatal afin que l’entreprise prenne réellement en compte la notion de bien-être au travail du salarié traumatisé sur la durée.

3 Ptitours Peu de personnes viendront vous accueillir ou vous parler de l’épreuve que vous venez de vivre. Il faut s’attendre à de l’indifférence et à devoir reprendre son activité comme si de rien n’était.

Alexandra Il ne faut rien attendre de personne. Mes collègues étaient tellement mal à l’aise de devoir me parler que ça devenait ridicule. Et il y a aussi eu ceux qui n’avaient pas été informés. J’ai gardé la tête haute et parlé de ma fille avec simplicité, sans tabou.

Elodie Ce qui m’a fait le plus peur avant de reprendre mon travail ?
La curiosité de mes collegues m’inquiétait le plus. J’avais peur qu’ils me regardent differemment et qu’ils agissent bizarrement avec moi.
En fait, mes collegues n’osaient pas me parler de ce qui nous était arrivé.

Ioulia Je n’aurais pas forcement eu besoin de conseil. Je pense que cela est plus nécessaires aux collègues qui m’entourent pour mieux comprendre ou pour mes supérieurs hiérarchiques. Nous devenons des gens à manager de manière spéciale, non pas parce que nous sommes bizarres, mais parce que cela doit être pris en compte. Ne pas prendre en compte ce deuil, c’est ne pas comprendre la personne que l’on a en face de soi. J’aurais aimé qu’il existe peut-etre un livret avec quelques extraits du livre Les Rêves Envoles. Je trouve qu’il explique bien ce que l’ont vit et explique quelques comportements à avoir, les choses à ne pas dire.

Alice Puisque la grossesse était à risque, j’aurai aimé qu’on me conseille d’aller plus régulièrement informer mes collègues, peut-être qu’ils m’auraient ainsi mieux accompagnée et dès le départ.
Même si j’en avais besoin au début, couper les ponts avec l’entreprise n’est pas forcément une bonne solution. Entretenir les relations (sans que ce soit forcément pour parler du deuil) amène une reprise moins abrupte.

J’aurai également voulue être mieux préparée au fait que la vie de l’entreprise continue “comme si de rien n’était”, même si pour nous, la vie ne sera jamais la même. J’ai été un peu déstabilisée les premiers jours, je crois que j’attendais plus de souplesse, plus de douceur, mais en même temps, j’avais un sentiment contradictoire : j’étais heureuse que rien n’ai changé !
Aussi, j’ai constaté qu’il ne faut pas attendre que les autres viennent à nous pour parler de notre perte. La pudeur est très présente dans le milieu professionnel. Il vaut mieux lancer une perche si l’on souhaite en parler…
Et puis il y a ceux qui ne comprennent pas, qui minimisent, peut être parce qu’ils ne nous connaissent pas bien… il faut s’y préparer.
J’ai un peu de mal avec l’une de mes collègues qui a perdu un enfant de 19 ans. Au lieu d’être un peu solidaire dans ce drame, j’ai senti qu’elle ne considérait pas du tout mon deuil, parce que mon bébé n’avait pas vécu…

Enfin, j’ai eu quelques bons conseils : Se préparer aux situation de détresse : savoir ce dont nous avons besoin pour surmonter la détresse, afin d’être préparée quand elle survient et savoir l’expliquer sereinement aux collègues.
Pour ma part, j’ai demandé à travailler chez moi une après-midi “parce que j’en ai besoin, mais pas d’inquiétude ! je gère très bien la situation”

Eléonore Paradoxalement, je pense que les conseils que j’aurais aimé auraient dû être adressés à mes collègues et non à moi ! C’est très difficile de devoir expliquer, se justifier, se battre dans des situations comme la mort d’un enfant. J’aimerais vraiment qu’il existe un fascicule, ou un document, peu importe sa forme, que les entreprises pourraient se procurer pour informer les gens et les sensibiliser. Ca nous éviterait de faire ce travail nous même…
Après effectivement, essayer de ne rien attendre de personne, se préparer à se confronter à la vie qui a continué sans nous, sans notre bébé, qui n’a pas changé pour eux. Se préparer à vivre des moments plus compliqués, à réagir différemment. Et rester bienveillant(e)s envers soi même !

Aurélie Je pense qu’il n’y a pas de recette, dans ces situations il y a tout genre de réactions, des collègues ont joué la carte de l’indifférence, d’autres avaient les larmes aux yeux en me voyant, d’autres ont été tellement maladroit en osant parler de leur enfants au quotidien, à s’en plaindre même. D’autres ont choisi la discrétion, en me parlant à l’écart, en ayant des mots touchants, en souhaitant savoir tout simplement où j’en étais. Il y a eu des jours plus difficiles que d’autres et des jours où il y a eu des mains tendues, des sourires qu’il faut savoir recevoir. J’ai essayé d’être dans le contrôle des choses mais ça ne marchait jamais, je me disais si je vois tel collègue il va me dire telle chose qui va me faire du mal sans le vouloir certes alors il faut que je passe par tel autre couloir, à force je fuyais certaines personnes. Il faut faire face à tout genre de comportement et c’est usant. Il faut apprendre à repérer les bonnes personnes, les personnes saines et mettre de coté les autres, les éviter le temps que la blessure soit moins béante et continuer sa route, avoir des objectifs personnels et les atteindre. Il faut apprendre à devenir égoïste, c’est comme ça que ça été mieux pour moi, je me suis mise dans ma bulle en y laissant entrer ceux qui voulaient bien mais moi je me suis mise à ne plus faire d’effort par rapport aux autres. Et ma bulle au final s’est mise à se remplir de gens intéressants et bienveillants avec qui j’arrive un peu à partager cette nouvelle grossesse. Je pense qu’après un évènement difficile, le tri des bonnes choses et mauvaises choses se fait naturellement.


Crédits

La présente œuvre est une publication commune de [Dorothée, Froggy, Aurélie, 3Ptitours, Ioulia, Elodie, Priscilla, Alice, Delphine, Eléonore et Alexandra], publiée selon les termes de la licence libre Creative Commons BY-SA . Cette licence enrichit juridiquement nos droits d’auteurs et autorise d’autres entités (associations, collectivités, coopératives) à potentiellement réutiliser le document et à l’adapter, tout en citant de manière précise la provenance du document et ses auteurs. La publication devient ainsi un bien commun qui peut diffuser et s’enrichir.

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