Les mots et attitudes qui peuvent blesser une personne en deuil
Éviter les paroles malheureuses
Même si vous êtes animé(e) des meilleures intentions, il y a parfois des paroles qui peuvent faire beaucoup plus de mal que de bien ! Voici quelques exemples à éviter à tout prix :
- « Avec le temps, la douleur va disparaître »Ceci est vrai et faux, en même temps :
- c’est vrai car, effectivement, au fil du temps, la douleur va s’estomper, mais il y aura des moments où elle reprendra périodiquement de la force (aux dates anniversaires par exemple).
- c’est faux, car le temps n’apporte pas un soulagement progressif et linéaire. D’ailleurs, au cours du deuil, le temps seul ne suffit pas à apaiser la peine : l’apaisement vient quand la personne accomplit un authentique travail de deuil et c’est sa responsabilité de s’y atteler : elle seule peut le mettre en œuvre. C’est seulement à ce moment là que le temps deviendra, pour elle, un allié.
- « Ne ressasse pas tout le temps la même chose ; tu te fais du mal ! » … ou encore :
« Arrête de regarder ses photos, tu te fais du mal »
« Arrête de ressasser tous ces souvenirs, tu te fais du mal »
« Jette au plus vite toutes ses affaires, ça te fait du mal »
Ce conseil est à l’opposé de ce dont la personne en deuil a besoin pour aller mieux ! En effet, « ressasser » est au cœur du travail de deuil ! Il lui est d’ailleurs impossible de ne pas « ressasser » : elle ne peut pas faire autrement.
Même si vous ne comprenez pas cette logique, sachez que c’est véritablement en « ressassant » que la personne en deuil parvient à « user » les émotions sur lesquelles elle revient sans cesse : c’est ainsi qu’elle s’apaise. Si elle ne les « ressasse » pas, ses émotions restent intactes et elles conservent leur douloureuse intensité ! Ce (mauvais) conseil détourne la personne en deuil du travail qu’elle a à accomplir. Il faut, au contraire, l’encourager à exprimer ses émotions et être prêt(e) à les accueillir, même si on a l’impression qu’elle tourne en rond.
- « Il est temps de tourner la page ! »… ou encore :
« Il faut passer à autre chose maintenant »
« Il faut te tourner vers l’avenir maintenant »
« Alors, secoue-toi ! Sors ! Fais des choses qui te font plaisir ! »
« Allons! Prends sur toi ! Tu ne peux pas rester à te complaire dans ton malheur »
Très souvent, ces phrases surviennent bien trop tôt dans le processus de deuil (quelques mois à peine après le décès !). Prenez conscience que vous êtes en train de demander à cette personne quelque chose d’impossible à réaliser. Elle n’est pas encore prête à « tourner la page », même après un an ou un an et demi. Le processus de deuil est beaucoup plus long que vous ne le croyez.
De plus, vos paroles peuvent être comprises comme : « Il est temps que tu oublies », alors que c’est la dernière chose qu’elle a envie de faire ! Et elle peut vous en vouloir de lui dire cela… Enfin, il se peut que cette phrase soit le reflet de votre propre impatience face à un processus de deuil que vous jugez trop long… Aider quelqu’un en deuil, c’est apprendre à s’ajuster à son rythme… même si ce rythme est très lent !
Ne parlez pas trop vite à la personne en deuil de la nécessité de se « reconstruire ». Si elle ne se sent pas encore prête, cela peut la « plomber » et la culpabiliser de ne pas avancer assez vite… Bien sûr, la reconstruction se fera (c’est la 4ème étape du processus de deuil), mais elle se fera en son temps (dans un an ou parfois beaucoup plus…). Laissez donc au processus de deuil le temps de se dérouler en elle et cheminez tranquillement à ses côtés, en lui laissant suivre son rythme et sans vouloir court-circuiter trop vite les incontournables étapes de son deuil.
Extrait de traverserledeuil.com