Deuil et santé

Toutes les études explorant les liens existant entre le deuil et la survenue de problèmes physiques arrivent à la même conclusion : le deuil a un impact direct sur la santé et il peut même aggraver certains problèmes qui préexistaient avant le décès. Dans la rubrique « Comprendre » de ce site, vous trouverez deuil sante un article qui vous explique la biologie du processus de deuil et comment il génère en vous un stress chronique biologique, à l’origine de la fatigue qui s’installe au fil des mois.

Faire le point sur votre état de santé

Quand on est en deuil, il faut être particulièrement attentif si on souffre d’une maladie chronique comme le diabète ou l’hypertension artérielle. Il en va de même si on a des problèmes de cholestérol ou les atteintes neurologiques comme une maladie de Parkinson. En effet, comme ces maladies demandent une prise très régulière de médicaments avec parfois un régime alimentaire ou le respect d’une bonne hygiène de vie, on comprend que la pesanteur du deuil puisse miner vos efforts quotidiens de prise en charge.

Si c’est le cas pour vous, veillez à ne pas trop vous négliger, en sautant des prises de médicaments ou en abandonnant votre régime : vous risqueriez d’hypothéquer votre avenir en détériorant gravement votre état de santé… Prenez conscience que, derrière cette négligence, il y a peut être le désir plus ou moins conscient de tomber malade à votre tour et de mourir rapidement pour retrouver la personne que vous avez perdue…

De plus, vous vous dîtes peut être que prendre soin de vous n’a aucune importance désormais : plus rien ne compte et vous n’avez plus le gout de vivre. Néanmoins, vous n’allez pas toujours penser cela : c’est une vraie promesse, et un jour vous irez mieux, même si vous n’y croyez pas aujourd’hui. Il serait alors dommageable de souffrir des conséquences de votre négligence d’aujourd’hui. D’où l’importance de réellement prendre soin de votre santé, même si votre cœur n’y est pas…

Le deuil s’exprime aussi par le corps

Tous les médecins le disent : il y a une nette augmentation des consultations médicales chez les personnes en deuil. Elles consultent pour  des problèmes comme l’anxiété, la dépression ou les troubles du sommeil, mais aussi pour une recrudescence de douleurs musculaires ou articulaires, de troubles digestifs, de vertiges ou de palpitations : ce sont des expressions physiques du deuil.

Beaucoup de personnes n’osent pas parler directement de leur deuil et ce n’est souvent que par l’intermédiaire de leur corps qu’elles s’autorisent à le faire. C’est comme s’ils ne pouvaient exprimer leur peine qu’à travers des maux (M- A – U – X) plutôt que par des mots (M- O- T –S). D’ailleurs, quand le médecin les interroge sur leur perte récente, elles sautent sur l’occasion de parler de ce qui s’est passé et le médecin réalise que c’était cela, en fait, le véritable motif de la consultation. Mettre des mots sur ce qu’on ressent intérieurement est parfois la seule réponse face à des tensions physiques qui ne cèdent pas autrement.

Le cœur brisé ?

Le deuil a donc un réel impact sur votre santé. On a, par exemple, observé qu’il y avait une augmentation de la mortalité des veufs de moins de 75 ans, durant la première année qui suit le décès de leur compagne, comme si les veufs étaient physiquement plus vulnérables face à la perte de leur épouse.

De quoi ces hommes veufs décèdent-ils de façon prédominante ? De problèmes cardiovasculaires qui préexistaient avant le décès et qui se sont aggravés après, au cours de l’année. Il s’agit par exemple de problèmes coronariens ou de troubles du rythme cardiaque ou encore d’hypertension artérielle. C’est comme si l’expression « avoir le cœur brisé » correspondait aussi à une réalité physique.

Mais attention : il s’agit de problèmes qui préexistaient avant le décès : le deuil, par lui même, ne crée pas de problèmes cardiovasculaires. En fait, il semble que cette surmortalité soit la conséquence de multiples facteurs qui convergent ensemble au cours du deuil : le stress, le manque de sommeil, une alimentation peu équilibrée, une réduction de l’activité physique et éventuellement une augmentation de la consommation de tabac ou d’alcool.

Donc, si vous souffrez de troubles cardiovasculaires, il est vivement recommandé de prendre rendez vous avec votre cardiologue dans les 6 mois à venir, juste pour faire le point avec lui.

On s’est également rendu compte que d’autres problèmes de santé (préexistants au décès) se manifestaient davantage au cours du deuil : ce sont les maladies articulaires et inflammatoires, comme l’arthrite, les douleurs lombaires ou cervicales ou les rhumatismes inflammatoires. On retrouve aussi une recrudescence des problèmes dermatologiques comme le psoriasis ou l’eczéma. On sait d’ailleurs que ces pathologies sont liées au stress et il n’est donc pas étonnant de les retrouver au cours du deuil.

Deuil et cancer ?

On entend dire parfois qu’il existerait un lien entre la perte traumatisante d’un proche et la survenue d’un cancer, quelques mois ou quelques années plus tard. Il n’y a pas de preuves scientifiques pour affirmer cela. Néanmoins, on sait que le stress chronique est une condition (parmi beaucoup d’autres) qui favoriserait l’émergence d’un cancer et que ce stress est d’autant plus néfaste pour la santé qu’il n’est jamais évacué. Or, comme le deuil provoque un tel stress, il y a peut être un lien de cause à effet, sans que celui-ci soit encore très clair. Quoi qu’il en soit, il est très vivement conseillé de se donner tous les moyens d’évacuer régulièrement le stress physique et psychique induit par le vécu douloureux du deuil.

Prévenir plutôt que guérir

Ainsi, que vous l’acceptiez ou non, votre organisme va être soumis à rude épreuve dans les mois à venir. Le vécu du deuil peut être comparé à un véritable marathon qui va mobiliser vos réserves énergétiques pendant longtemps. Il est donc indispensable de pouvoir l’anticiper et de créer les conditions pour tenir sur la durée. Il vaut mieux prévenir que guérir. Même si cela est difficile à mettre en œuvre quand on est en deuil, il est sage de préserver un minimum d’hygiène de vie :

Le sommeil

Une bonne hygiène de vie va vous aider à réduire l’impact négatif du stress chronique du deuil. Et cela commence par un sommeil de bonne qualité.
Les troubles du sommeil sont très fréquents au cours du deuil. Vous avez peut être du mal à vous endormir parce que vous ressassez sans cesse les mêmes pensées ou vous vous réveillez plusieurs fois dans la nuit, en ayant du mal à vous rendormir. Voici quelques petits conseils pour vous aider à récupérer physiquement et psychologiquement :

– Essayez de vous coucher et de vous lever aux mêmes heures, afin de régler votre horloge biologique. Evitez de regarder la télévision dans votre chambre ou de jouer à des jeux vidéo avant de vous coucher car ces activités vous maintiennent éveillé(e). Vous pouvez aussi dînez tôt et légèrement, en attendant au moins deux heures avant de vous coucher. Il semble également qu’une collation de lait accompagné d’un biscuit ait un réel effet sédatif.

– Essayez aussi de réduisez ou d’arrêtez les excitants comme le café, le thé ou le tabac après 17 heures.

– Si vous pratiquez une activité physique régulière, vous verrez que cela améliore considérablement la qualité de votre sommeil.

– Les plantes peuvent aussi améliorer votre sommeil. On recommande des infusions de verveine, de camomille ou encore de valériane. Il existe aussi, dans le commerce, des gélules de phytothérapie qui regroupent diverses plantes comme l’aubépine ou le tilleul. Enfin, certains traitements homéopathiques agissent très bien sur le sommeil. Prenez conseil auprès d’un homéopathe ou dans un ouvrage spécialisé.

– Si votre sommeil reste très perturbé et que vous vous fatiguez progressivement par manque de sommeil, il peut être nécessaire d’aller consulter votre médecin. N’attendez pas d’être totalement épuisé(e) avant de le faire. Votre médecin évaluera avec vous si un traitement médicamenteux vous est nécessaire.

Votre alimentation

La qualité de votre alimentation influence directement votre état émotionnel.deuil alimentation Plus vous négligez votre alimentation, plus vous vous affaiblissez et plus vous augmentez votre niveau de stress :

– Le magnésium

    est un excellent nutriment anti-stress. Malheureusement, les carences en magnésium sont relativement fréquentes, surtout quand on s’alimente mal. Généralement, cette carence est le résultat d’une alimentation trop restrictive, avec peu de féculents et des fruits secs ou en suivant une alimentation trop riche en produits raffinés et en plats tout préparés pauvres en légumes. L’alcoolisme augmente aussi considérablement les besoins en magnésium.
    Le manque de magnésium favorise (ou entretient) non seulement les états de stress, mais il provoque aussi une fatigue persistante et parfois des insomnies, des crampes ou même des palpitations cardiaques, si le manque de magnésium est important. Veillez donc à ne pas être en carence. Vous trouverez du magnésium dans les fruits (fruits frais et fruits secs), dans les légumes et légumineuses, dans les céréales peu raffinées comme le pain complet ou le riz complet. Le chocolat est également riche en magnésium.

– La vitamine B6 est également un bon nutriment anti stress. Elle « fixe » le magnésium dans les cellules. Mais cette vitamine intervient aussi dans la synthèse de deux substances dans le cerveau qui favorisent la détente et le sentiment de bien-être. La vitamine B6 se trouve dans la viande, les céréales peu raffinées, les légumes…

– Enfin, la vitamine C est une bonne alliée de votre santé car elle réduit les radicaux libres que génère le stress et qui sont nocifs pour l’organisme. La vitamine C se trouve dans de très nombreux fruits et légumes frais.

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Si, malgré vos efforts, votre alimentation reste de mauvaise qualité, il faut malgré tout éviter les carences. Vous pouvez alors envisager de prendre des complexes multivitaminés qui associent vitamines et sels minéraux. Prenez avis auprès de votre pharmacien : il pourra vous conseiller.

L’alcool

La souffrance du deuil est parfois telle que vous pouvez être tenté(e) de l’anesthésier avec un peu d’alcool. C’est très fréquent et il faut donc que vous soyez très vigilant : un verre peut effectivement vous aider à « décompresser » en fin de journée, mais s’il est suivi d’un autre… puis d’un autre… et que cela se reproduit tous les jours, le risque est d’induire à terme une dépendance. Ceci est assez fréquent chez les personnes en deuil qui sont très isolées socialement.

Il faut savoir que, même si l’alcool vous apporte un soulagement temporaire, il augmente votre détresse plutôt qu’il ne la réduit. Trop d’alcool anesthésie les émotions et votre travail de deuil ne passe pas par l’anesthésie des émotions. Plus vous vous anesthésiez, plus vous retardez le moment où vous commencerez à vous sentir mieux.

Donc, si vous constatez que votre consommation d’alcool vous échappe, n’attendez pas que le problème s’installe car il risque de devenir un frein très puissant à votre deuil. Consultez au plus vite votre médecin : il peut vous aider à contrôler votre consommation excessive et envisagera avec vous des moyens plus efficaces pour apaiser la lourdeur de votre peine.

L’exercice physique

Votre corps accumule une quantité considérable de stress et de tension au cours du deuil. Ces tensions sont parfois responsables de douleurs musculaires ou articulaires. Il est donc essentiel de vous donner les moyens de les évacuer. De nombreuses études montrent que les personnes qui ont une activité physique régulière résistent mieux au stress. Cela permet la fabrication de certaines substances (qu’on appelle les « endorphines ») et qui ont une action bénéfique sur le stress.
De plus, l’activité physique aide à réguler le sommeil et on a démontré qu’une activité physique régulière (c’est à dire au moins 35 minutes d’exercice, quel qu’il soit, deux à trois fois par semaine) a une réelle action anti dépressive.

Quelles activités choisir ?

Au minimum, une vingtaine de minutes de marche, deux à trois fois par semaine, serait déjà une très bonne habitude à prendre. Et de plus, marcher en forêt, au bord de la mer ou dans la campagne vous met en relation avec la Nature et ce simple contact peut, par lui même, être très apaisant.
Si vous vous en sentez le courage, vous pouvez essayer une activité un peu plus soutenue, comme la marche rapide, le jogging, la natation, la gymnastique douce en salle ou encore le vélo. Même un peu de jardinage peut vous faire beaucoup de bien.

D’autres approches centrées sur le corps

Si vraiment l’exercice physique vous rebute – ou si votre condition physique vous interdit de pratiquer le moindre sport, il est néanmoins important que vous vous donniez d’autres moyens d’évacuer votre stress physique. Pour cela, vous pouvez avoir recours à des approches centrées sur le corps.

Les massages

Même si vous n’en avez pas l’habitude, considérez la possibilité de vous faire masser. Le massage est bénéfique pour plusieurs raisons. En premier lien, c’est un excellent moyen de détendre les nœuds musculaires douloureux qui sont la conséquence du stress chronique ; mais également, si, par exemple, vous avez perdu votre conjoint, votre corps est en souffrance car il n’est plus touché. Il peut être apaisant d’être touché(e) de cette manière délicate et respectueuse…

Il faut savoir aussi que votre corps porte en lui des empreintes émotionnelles. C’est comme si certaines de vos émotions se cristallisaient dans vos muscles et dans vos tendons. Ainsi, il est possible qu’un massage doux fasse émerger des émotions que vous n’avez pas exprimées jusque là : les défenses tombent et le corps a tendance à ouvrir la porte aux émotions qui se cachent en profondeur. Prévenez alors la personne qui vous masse que vous êtes en deuil. Et si des émotions apparaissent, accueillez les avec douceur. Laissez les larmes couler… C’est bénéfique…

Les autres approches d’inspiration orientale

Il existe également des approches corporelles d’inspiration orientale. Je vous invite à faire des recherches sur Internet pour vous documenter sur ces différentes approches et voir si cela peut vous convenir. Il y a l’acupuncture, la réflexologie, le Shiatsu, le Qi gong…  Vous pouvez aussi explorer le Yoga ou encore le Tai Chi… Toutes ces approches contribuent à créer ou à restaurer votre équilibre intérieur.

Les méthodes de relaxation et la méditation

Vous pouvez également avoir recours à des méthodes de relaxation qui ont pour objectif de vous apprendre à gérer votre stress. Toutes ces méthodes sont très bénéfiques au cours du deuil car elles vous aident à accompagner votre peine. Il peut s’agir de simples exercices de respiration ou des techniques très ciblées comme la sophrologie ou la musicothérapie.
Enfin, la pratique de la méditation est une très bonne approche de contrôle du stress. Elle vous ouvre également à une dimension plus spirituelle de votre être… Dans cette optique, je vous recommande l’ouvrage « Méditer » de Jon Kabat Zinn qui comporte un CD audio de méditations guidées (avec la voix de Bernard Giraudoux).

Textes extraits de traverserledeuil.com

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Les recherches qui ont mené à cet article : « https://deuil comemo org/sante-cancer-sommeil-alimentation ».
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