« Passe à autre chose », « Il faut oublier », « Tu recommenceras à zéro », ou encore « Pourquoi t’accroches-tu à toutes ces photos ? ». Si vous avez perdu un proche vous avez certainement déjà entendu l’une de ces injonctions qui vous poussent à « couper les liens avec le passé », à oublier.
Le deuil, ce n’est pas l’oubli
Si vous vous sentez mal à l’aise, voir révolté quand vous entendez une de ces phrases, rassurez-vous, votre réaction est normale. Même si elles sont souvent prononcées par des personnes bien intentionnées, ces formules peuvent être terriblement néfastes pour vous. Car contrairement aux idées reçues, le deuil n’est pas une période d’oubli, de destruction des liens, ni même de fuite, mais bien tout l’inverse.
Les craintes d’oublier et les postures d’évitement
Intérieurement, on sait bien que l’on n’oubliera jamais cette personne, qui continue au quotidien d’occuper toutes nos pensées. Pourtant, par moment, on se surprend à ne plus se souvenir de tous ces petits détails qui avaient auparavant tellement d’importance, faisant naître en nous une crainte légitime : la peur de perdre une seconde fois l’être cher.
« Quant à moi, je me retrouve là, seule sans lui, sans plus aucun espoir et avec beaucoup de peurs. Peur de continuer sans lui, peur de l’oublier pas lui mais les détails qui font lui. Je sais que le temps passe et qu’on finit par oublier certaines choses. » – Témoignage extrait du Forum deuil –
Il arrive aussi qu’on en vienne à étouffer volontairement certains des souvenirs les plus douloureux, jusqu’à même dans certains cas, développer une véritable posture d’évitement : ne plus se rendre dans ces lieux où nous avions l’habitude d’aller ensemble, ranger toutes les photos dans des cartons ou encore faire précipitamment don de toutes ses affaires, sont autant de tentatives pour ne pas réveiller des émotions incontrôlables.
Pourtant, même si cette posture d’évitement peut s’avérer nécessaire dans certaines situations de survie, elle peut à terme devenir dommageable. En effet, en vous efforçant « à penser à autre chose », « à oublier » ou « à couper » les liens, vous vous empêchez aussi de construire une relation intérieure stable, durable et apaisée avec votre défunt.
Tisser votre relation intérieure avec le défunt
En effet, la période du deuil, c’est cette période d’introspection intime durant laquelle vous êtes invité à vous pencher sur votre passé, à revivre et revisiter les moments qui rendaient votre relation avec le défunt si particulière.
Dès lors, tous vos souvenirs, les plus insolites comme les plus douloureux, vont jouer un rôle décisif dans le bon déroulement de ce travail de mémoire. Ils sont les fils qui vont vous permettre de tisser la relation complexe, profonde et unique que vous allez entretenir avec votre défunt pour les années à venir.
Il s’agit là de la troisième tâche du travail de deuil, l’une des plus importante : intégrer en soi la présence de l’être cher.
C’est pourquoi durant cette période, (même si cela peut être réconfortant) il est souvent inutile de chercher à oublier, cela vous demandera un certain temps mais à terme vous pourrez vous lancer dans ce « travail de mémoire » qui vous sera primordial afin de construire une nouvelle relation avec l’être aimé. Il est important pour vous de ne pas aller à l’encontre de ce mouvement naturel mais plutôt d’essayer de l’accompagner.
Pour cela, vous pouvez mettre en place de nombreuses actions qui vous permettront de raviver vos souvenirs et transformer les plus douloureux en douce nostalgie : réunir les objets qui ont une histoire, se remémorer les souvenirs qui font écho en vous, rendre hommage, organiser des rituels personnels ou collectifs, sont autant de « fils » qui vont vous aider à tisser les liens d’une relation intérieure apaisée avec votre défunt.
Je suis sûr que vous trouverez ces « fils » essentiels au mouvement naturel de cicatrisation qui a lieu en vous en ce moment même. Néanmoins, si malgré vos efforts répétés, vous ressentez un blocage et pensez que le soutien d’un professionnel peut vous aider dans l’accomplissement de ce travail intérieur, je vous invite à découvrir notre programme de soutien à distance.
À lire aussi : combien de temps dure un deuil ?
[optin-monster-shortcode id= »vus6sehrim-post« ][author image= »http://deuil.comemo.org/wp-content/uploads/2014/03/yacine.jpg » ] Yacine Akhrib « N’hésitez pas à m’écrire si vous souhaitez échanger au sujet de votre perte ou si vous avez besoin de conseils pour aider un proche en deuil. » [/author]
Le plus difficile ce n’est pas d’oublier car c’est impossible et pas envisageable, mais c’est de se souvenir sans souffrir. En gardant le meilleur, sans culpabiliser pour des petits riens. Penser à celui ou celle qui est parti en se réjouissant simplement d’avoir eu l’immense bonheur de le connaître.
Merci à vous pour ce que vous faites.
cest tellement vrai!!!!!! courage
Merci pour votre commentaire et votre soutien Eiram,
Prenez grand soin de vous,
« Nessun maggior dolore che ricordarsi del tempo felice nella miseria » («Il n’est de plus grande douleur que de se rappeler les moments de bonheur dans l’infortune.»)
Cette phrase extraite de l’Enfer de Dante résume tout !
Je remercie toute l’équipe qui a pris soin de créer cette espace, cela m’a permis d’avancer dans mon processus de deuil.
Je me forçait à oublier et je culpabilisait pensant que d’oublier mon défunt père était une trahison finalement grâce à vos conseil j’ai compris l’importance de libérer ses émotions.
Je viens à mon tour de perdre la chair de ma chair … Sans explication et cette période est mortelle
Merci sincèrement pour votre soutien Johanna, c’est un honneur d’avoir d’être à vos cotés.
Chaleureusement,