C’est la grande question que se posent tous les proches qui souhaitent aider une personne en deuil : « Que dire à une personne en deuil ? J’ai peur de faire des bêtises ou de dire n’importe quoi… ».
Pour vous aider, voici un « kit de survie relationnel » qui va vous permettre de poser les questions qui sont vraiment utiles à une personne en deuil (car elles correspondent à ses besoins spécifiques) :
- Invitez-la à vous parler de la personne qu’elle a perdue et de la relation qu’elle entretenait avec elle :« Parle moi de ton mari/enfant/parent… Qui était cette personne ? Comment était votre relation ? Raconte-moi ! ».La personne en deuil que vous accompagnez ne demande qu’une chose : parler du proche qu’elle a perdu. C’est un besoin extrêmement pressant durant les premiers mois du deuil. Rassurez-vous : il n’est pas du tout dangereux de parler de la mort de cette personne. Paradoxalement, cela fait du bien à la personne en deuil et cela l’aide à avancer intérieurement. Evidemment, parler de la personne disparue va faire venir des larmes et vous pouvez en conclure – à tort ! – que parler d’elle lui fait du mal et qu’il est donc préférable de se taire. C’est faux : offrir votre écoute, c’est aussi apprendre à être confortable auprès de quelqu’un qui pleure, sans partir en courant car vous ne savez plus quoi faire.N’hésitez pas, par exemple, à lui demander de regarder ensemble des photos, afin qu’elle les commente, en détail, avec vous. N’ayez pas peur de sa peine.
- Invitez-la aussi à parler de ce qui s’est passé.Faites-lui raconter les circonstances de la maladie, les circonstances de la fin de vie, le récit de l’accident ou du suicide… etc. Cela peut vous paraître macabre de revenir sur de tels événements, sachez que c’est indispensable pour la personne en deuil : elle a réellement besoin d’en parler. Sachez aussi que ce besoin peut persister pendant des mois ; il est donc important que vous laissiez cette personne y revenir spontanément, encore et encore, sans jamais lui dire : « Attends : on ne pourrait pas passer à autre chose ?… ».
- Posez-lui aussi très régulièrement la question suivante : où en es-tu aujourd’hui… ? Il y a 5 aspects à explorer dans cette question :
- Où en es-tu aujourd’hui, au niveau physique ?Explorez avec elle comment elle prend soin d’elle : sa santé, son sommeil, son alimentation, son hygiène de vie en général.
Regardez là où vous pouvez (et là où vous avez envie) de lui être utile : s’il y a un problème de santé qu’elle néglige, par exemple, proposez-lui de l’accompagner chez le médecin. Invitez-la à ne jamais laisser traîner un problème de santé. - Où en es-tu aujourd’hui, psychologiquement ?Explorez avec elle ses émotions et aidez-la à les exprimer, sans jugement : la peur, la colère, la culpabilité, la tristesse, la perte de sens… Vous n’avez pas besoin d’être « psy » pour cela : suivez votre cœur, écoutez et n’essayez pas d’apporter des réponses. Contentez vous d’être présent(e) et attentif (ve) à ce qu’elle vous dit : cela suffit amplement.
- Où en es-tu aujourd’hui, dans ta relation avec les autres ?Assurez-vous régulièrement que cette personne ne s’isole pas trop, même si les moments de solitude lui sont indispensables. « Es-tu bien entouré(e) ? Comment réagissent tes proches, tes enfants, ton épouse, tes collègues, tes amis… etc. ? ». Laissez-la aussi exprimer sa joie d’être soutenue… ou son amertume à se sentir abandonnée par certains…
- Où en es-tu aujourd’hui, matériellement ?On n’y pense pas toujours, mais c’est une dimension à examiner : « Es-tu confronté(e) à des difficultés matérielles ou à des problèmes financiers qui demandent des actions spécifiques ? Où en es-tu dans tes démarches administratives ? As-tu besoin d’aide ? Souhaites-tu que je t’accompagne à la banque pour faire le point ? »
- Où en es-tu aujourd’hui, spirituellement ?
La quête de sens et la remise en question des valeurs et des croyances sur la vie seront des enjeux importants au cours de son deuil.
- Où en es-tu aujourd’hui, au niveau physique ?Explorez avec elle comment elle prend soin d’elle : sa santé, son sommeil, son alimentation, son hygiène de vie en général.
Les réponses que la personne va vous faire ne seront jamais définitives car elles vont considérablement évoluer au fil du temps. Vous pouvez l’aider, en lui permettant de mettre des mots sur ce qu’elle pense. D’où l’importance de poser régulièrement cette question… Ne vous désespérez pas devant les réponses très sombres qu’elle pourra vous faire: elle est dans un profond remaniement intérieur et elle doit traverser un « no man’s land spirituel », avant de pouvoir se reconstruire…
Trois conseils importants
- Encouragez la répétition ! N’hésitez pas à poser ces mêmes questions, encore et encore : les réponses vont changer au fil des mois. Rappelez-vous : le deuil n’est pas un état fixe, c’est un processus sans cesse évolutif et il faut l’accompagner dans son déroulement. Rien n’est définitif !
Vous aurez aussi vite l’impression que la personne en deuil parle « en boucle » de son malheur. Ceci est le propre du travail de deuil. Sachez que ces répétitions lui sont absolument indispensables. Encouragez-la à se répéter, même si elle vous parle toujours de la même chose. Essayez de ne pas changer de sujet, même si ce qu’elle vous dit est douloureux ou difficile à entendre… - Soyez patient(e)… Essayez de résister au désir que cette personne avance plus vite qu’elle ne le peut. Le processus de deuil prend beaucoup plus de temps que vous n’imaginez. Il est donc important de respecter son rythme, même s’il vous paraît trop lent ! De là, soyez vigilant(e) à ne pas donner trop de conseils qui lui permettraient « d’aller plus vite »; rappelez-vous : le deuil est unique et spécifique de chaque personne. Ce qui « marche » pour une personne donnée peut ne pas « marcher » pour une autre.
- Accueillez le silence Le silence, c’est bien aussi ! C’est parfois ce qui aide le plus. Apprenez alors à rester assis(e) en silence auprès de cette personne en deuil. Ou encore, vaquez tranquillement à des activités dans la maison, sans vous sentir obligé(e) de lui parler. Votre simple présence, silencieuse et affectueuse, peut suffire à l’apaiser, quand elle ne souhaite pas parler, ou quand elle est trop fatiguée pour le faire.
Extrait de traverseledeuil.com