Adolescent en deuil, comment aider

Adolescent en deuil« Comment aider un adolescent en deuil ? » après le décès d’un proche Jeune adulte orphelin

Le temps de l’adolescence est un temps d’intenses changements au niveau physique, psychologique et relationnel. Quand un parent décède, l’adolescent se trouve confronter à un nouvel assaut d’émotions et de comportements qu’il a parfois du mal à comprendre et à canaliser. L’ado (à partir de 12 ans) peut déjà avoir l’apparence d’un jeune adulte, mais cela ne signifie pas qu’il en a la maturité émotionnelle et c’est pour cette raison qu’il a réellement besoin de l’aide du parent qui lui reste.

Quel que soit son sexe, l’adolescent est en train de réexaminer ce qu’il a cru et appris au cours de son enfance. Il est en même temps partagé entre le désir de rester un enfant sous la protection de ses parents et le désir d’être indépendant d’eux, afin de commencer à vivre sa vie. Généralement, l’ado effectue ce travail de séparation vis à vis de ses parents en les remettant en question dans leur rôle de personnes « toutes puissantes ». Et cela ne se fait pas sans heurts… Il a besoin de se confronter à eux d’une façon parfois très brutale. Il les provoque et « challenge » leur autorité pour tenter d’exister sans eux et se positionner en tant que personne autonome. Dans un tel climat relationnel, si un de ses parents décède alors même que l’ado était en train de le « déboulonner » de son piédestal, il peut se sentir coupable, dans l’après coup, de lui avoir mené la vie aussi rude… i Un rapport difficile au parent restant

Derrière son corps d’adulte en devenir, il y a toujours un enfant qui peut avoir le sentiment d’avoir été injustement abandonné par son parent : il peut être en colère contre ce parent décédé… ou contre le parent qui lui reste de ne pas avoir empêché ce drame. Il peut aussi en vouloir à ce parent de ne pas être assez disponible à sa douleur car celui-ci est, lui même, happé par sa propre souffrance d’avoir perdu son compagnon/compagne. D’ailleurs, le parent se culpabilise très souvent de ne pas être totalement disponible à son enfant.

Les émotions du deuil

L’adolescent en deuil peut être agressif avec le parent qui lui reste. Il y a plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, son agressivité reflète son insécurité et sa peur de l’avenir : il lui en veut (plus ou moins consciemment) de ne plus être le parent protecteur à 100%. Il peut être aussi agressif à son égard car il est, en fait, effrayé par l’intensité de la peine de son parent et par son impuissance à ne pas pouvoir sortir son parent de sa détresse. Il lui fait « payer » en quelque sorte le fait de ne pas pouvoir l’aider… De plus, certains ados craignent de devoir, à tout jamais, porter émotionnellement leur parent et d’y sacrifier leur vie : ils ne le veulent pas (et ne s’en sentent pas capables) et beaucoup ripostent avec agressivité face à cette responsabilité, même si personne ne leur demande de l’assumer !

L’adolescence est un temps de la vie où on est très centré sur soi : l’ado a besoin de se construire psychologiquement, afin d’envisager son propre avenir. Ainsi, quand un parent décède, le deuil peut être vécu par l’adolescent comme une sorte d’obstacle, d’interférence ou de « frein » à son développement personnel, alors qu’il ne souhaite qu’aller de l’avant pour vivre sa vie. Cela peut le mettre en colère, plus ou moins consciemment, et cette colère est parfois malheureusement dirigée vers le parent restant. L’ado peut également s’énerver de voir son parent « scotché » dans le souvenir du parent disparu ; il s’irrite de cette fixation de son parent sur le passé (qui est pourtant nécessaire pour le bon déroulement du travail de deuil), alors qu’il souhaite s’ouvrir sur les promesses de l’avenir…

Enfin, l’adolescence conduit l’enfant à ne plus croire que son parent est capable de l’aider : il a alors tendance à facilement le dénigrer (voire même à lui manquer de respect !) car il n’est plus crédible à ses yeux et c’est pour cela qu’il a tendance à aller chercher ailleurs l’aide dont il a besoin au cours de son deuil … Cette attitude est quasiment présente chez tous les adolescents et le parent ne doit surtout pas penser qu’il est défaillant dans son rôle.

La difficulté des ados à s’exprimer

Tout comme l’adulte, l’adolescent a un vécu intense du deuil mais, très souvent, il lutte intérieurement pour ne pas montrer ses émotions. Pourquoi ? Parce que l’adolescent ne veut pas qu’on le prenne en pitié ou qu’on le traite comme un petit enfant. Il redoute aussi de paraître fragile ou vulnérable car ceci est en contradiction avec l’image de personne « mature » qu’il s’efforce de construire. Il veut être autonome et refuse que son parent lui dise ce qu’il doit ressentir et comment il doit vivre son expérience du deuil. Il peut vivre l’insistance de son parent à exprimer sa peine comme une nouvelle intrusion dans l’indépendance qu’il essaie de construire. Enfin, l’ado n’aime pas être perçu comme « différent » : il veut se fondre dans la masse et ne pas être remarqué parce qu’il a perdu un parent.

LE SILENCE

Les émotions du deuil sont également effrayantes pour l’ado et cela peut le conduire à les nier, pour tenter de s’en protéger : il ne va donc pas en parler, de crainte d’être submergé s’il commence à ouvrir les vannes ; taire les émotions est donc parfois une protection pour ne pas « craquer ». De plus, certains ados n’expriment pas leurs émotions car personne, dans la famille, ne l’autorise : tout le monde se tait et refoule les émotions à l’intérieur ; l’expression des émotions est alors perçue comme « interdite » et l’ado suit docilement cette règle silencieuse, en gardant en lui ses émotions.

L’adolescent peut aussi rester silencieux sur ses émotions car il craint la réaction de son parent s’il s’ouvre à lui : il peut avoir peur que son parent ne s’effondre s’il lui fait part de ses angoisses. Par son silence, il essaie de ne pas en rajouter… mais il essaie aussi de se protéger lui même de la détresse de son parent : il ne veut pas que ses confidences le désespèrent et qu’il soit obligé alors le soutenir émotionnellement !

Tout ceci explique pourquoi l’ado est si réticent à parler à son parent. Si vous êtes confronté au silence de votre adolescent, sachez que c’est le cas de la majorité des parents ! La difficulté à partager le vécu du deuil avec votre enfant ne signifie pas que vous êtes un mauvais parent ou que vous vous y prenez mal avec lui. Il est aussi important que vous n’harceliez pas votre enfant en le forçant à vous parler : le parent en deuil n’est pas toujours la personne que l’ado choisit pour exprimer sa peine. Son silence auprès de vous ne signifie pas que son processus de deuil ne se déroule pas harmonieusement.

Que faire pour aider un ado en deuil ?

En lisant ce qui précède, on comprend qu’en tant que parent, on n’est pas nécessairement à la meilleure place pour aider son enfant adolescent. Très souvent, l’enfant aura besoin d’aller chercher ailleurs l’aide dont il a besoin. Ce sera la plupart du temps ses amis, voire parfois les parents de ses amis ou un professeur en qui il a confiance. Très souvent, les parents qui ont un ado très silencieux à la maison ont la surprise d’apprendre qu’il/elle s’exprime facilement avec les autres à l’extérieur.

Néanmoins, en tant que parent, que pouvez-vous faire pour l’aider ? Voici quelques conseils :

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• Prenez soin de vous même ! C’est le premier conseil : plus votre ado verra que vous prenez soin de vous dans votre deuil, plus cela le rassurera sur le fait que vous n’êtes pas en train de vous effondrer. N’ayez pas peur de parler de ce que vous ressentez à votre enfant et invitez-le à faire de même : il comprendra ainsi que l’expression des émotions est quelque chose de normal et de souhaitable au cours du deuil.

• L’adolescent a besoin de savoir que ce qu’il vit est normal ; il a besoin de comprendre ce qu’est le processus de deuil, comment cela l’affecte et quel type d’émotions cela génère en lui. Il a besoin d’être rassuré sur la normalité de son ressenti intérieur.

• Même si l’ado ne souhaite pas vous parler, essayez de garder votre porte ouverte en toutes circonstances, afin qu’il comprenne que vous êtes toujours disponible pour l’écouter quand il le souhaitera. Il attend alors de vous que vous l’écoutiez avec attention et respect, sans lui dire ce qu’il devrait penser ou ressentir. Il a besoin d’un accueil complet, inconditionnel et sans aucun jugement de ce qu’il dit. Tendez-lui des perches, mais laissez le toujours venir vers vous. S’il refuse de se confier, comprenez bien que cela ne signifie pas que vous êtes un mauvais parent.

• Ne transigez pas sur la discipline et la qualité de l’effort scolaire, mais tout en restant souple et compréhensif/ve : votre ado a besoin de savoir que vous êtes toujours à la barre du bateau familial, même si votre conjoint est décédé.

• N’hésitez pas à prévenir le collège ou le lycée du décès de votre conjoint : les enseignants de votre enfant seront plus attentifs et peut être un peu plus attentionnés envers lui

• Préservez, à la maison, la mémoire et le souvenir du parent disparu, mais sans être trop « lourd », car cela peut exaspérer votre ado…

• Essayez de préserver les rituels et les traditions familiales : elles sont synonymes de sécurité et de continuité pour votre enfant.

Extrait de traverserledeuil.com

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