Les rêves durant le deuil (partie 2) – Le mort n’est pas un « Ex- vivant »

carole labedan deuil

Je poursuis cet article au sujet des rêves et des liens qui s’y manifestent ou qui semblent y manquer, suite à vos retours encourageants.

Je me donne comme objectif d’aborder une notion particulière à chaque fois, en espérant ainsi « brosser » un tableau de plus en plus large et complet de cet espace des rêves.

Quand quelqu’un parle d’un mort, il peut sembler évident que le discours sur le défunt se réfère au personnage tel qu’il était de son vivant. Cela demande, en effet, un effort de penser que le mort n’est pas seulement l’« ex-vivant » que nous avons connu, et que le cheminement peut se poursuivre en chacun, vivant ou mort, et dans le lien entre nous.

Pourtant, considérer que l’évolution de la conscience s’arrête avec la mort physique est peut-être une erreur, en tous cas pas une certitude ! Depuis la nuit des temps, les protocoles et les rituels scandent ce temps du deuil et lui donnent un rythme : c’est précisément pour que chacun puisse se souvenir que la sensation du temps figé par le décès est une illusion. Ce qui s’arrête c’est le contact immédiat et physique, la « matérialité »  de la relation si l’on peut dire.

Comment interpréter les rêves douloureux durant le deuil ?

Beaucoup de rêves dans lesquels un mort apparaît dans une situation douloureuse ( incompréhension, regret, conflit, indifférence par exemple) sont pris dans la mémoire du passé, dans ce qui existait pour et avec cette personne de son vivant, et qui n’a pas encore évolué. C’est le temps de la relation telle qu’elle était, avec sa part de regret et d’inachèvement. Quand un rêve de défunt se présente dans des circonstances qui semblent confuses ou conflictuelles, il faut voir comment nous pouvons apprendre un peu plus et mieux de cette personne, de ce qui lui manque, de ce qu’elle a laissé inabouti derrière elle, et qui parfois se révèle seulement à ce moment.

Les morts brutales, prématurées et/ou violentes sont souvent plus propices à ce type de rêve pour ceux qui restent, et qui se retrouvent alors dans une position paradoxale. Comment expliquer et parfois même consoler les défunts partis « sans avoir le temps de se retourner » ? Cela demande parfois d’effectuer des démarches ou des actes par rapport à ce que le mort n’avait pas pu ou su faire. Les responsabilités que le défunt avait prises peuvent alors aboutir sans rien laisser en plan d’important. Le rêve crée un espace dans lequel le mort peut faire des demandes aux vivants.

Le temps que nous consacrons à y répondre n’est pas du temps perdu, c’est celui qui leur a manqué pour être en paix.

Une grande part de notre misère vis à vis de la mort et des morts vient de cet a priori que tout s’arrête avec la disparition du corps ; pourtant quand nous aimons une personne qui n’est pas sous nos yeux nous ne doutons pas de la réalité de ce lien.

Qu’est-ce qui nous convainc que cette relation s’interrompt quand le corps ne se manifeste plus ? Peut- être le fait qu’il n’y ait plus de réponse qui vienne automatiquement face à nos demandes. Nous devons surmonter une frustration douloureuse. Il est impératif que nous reconnaissions aux morts la même liberté qu’aux vivants de se manifester seulement quand ils ont le désir de le faire, et pas pour combler nos besoins.

Par contre, lorsque c’est de leur côté que viennent le contact et la demande, il nous faut être attentifs à ce qui nous incombe comme responsabilité, car les morts n’ont effectivement plus les mêmes moyens que nous, vivants, de participer à la marche du monde !

Si vous le souhaitez ce mail vous permet de m’envoyer vos propres questions, remarques, témoignages, qui peuvent à leur tour nourrir ma réflexion et me permettre de répondre ou d’éclairer plus précisément un aspect du deuil lors de mes prochains articles. Je ne peux pas m’engager à vous répondre mais soyez sûr-e que je vous lirai. Vous pouvez aussi bien sûr continuer en postant un commentaire ci-dessous sur le site !

Merci de votre attention.

Carole Labédan

> Retrouvez la première partie de ce dossier consacré aux rêves durant le deuil.

bobins les vivants et les defunt
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  • Bonjour,

    je me permets de vous écrire comme vous l’encouragez dans l’article des rêves sur le deuil.

    Je voulais vous partager deux rêves que j’ai fait depuis la mort de mon compagnon, Michaël, il y aura 2 ans le 16 mars, dans 3 jours exactement.

    Michaël est décédé d’un cancer, très rare et très agressif, en à peine 6 mois. Si l’épreuve a été terrible, elle a été magnifique. Nous nous sommes épaulés et aimés comme jamais. Moi en prenant soin de lui et en essayant au mieux de faire selon sa volonté, lui en me préparant au pire et en acceptant ce qu’il était en train de vivre. Il m’a dit plusieurs choses qui m’ont aidée :
    « je meurs à 36 ans, mais sache que j’ai été heureux tous les jours de ma vie »
    « je n’ai pas de colère »
    « c’est terrible ce que nous vivons Isa, mais c’est aussi très beau »
    « ce que tu as fait pour moi, je t’en serai toujours reconnaissant. Tu es ma partenaire de vie »

    Cette sérénité m’a accompagnée dès les premiers jours après son décès. J’ai fait, quelques mois après, un rêve incroyable.

    « Nous apprenions que Michael était malade et allait mourir. Il me disait, prenons la voiture, allons dans ce château faire cette mission (en gros, très donjon et dragon dans un jeu de rôle) avant que je meurs. Nous arrivions à la fin de cette mission, ivres de joie d’y être arrivés et rentrions chez nous, sur la côte basque. nous arrivions sur la plage où il surfait et tous les gens qu’il aimait l’attendaient. Je ne comprenais pas. Il me dit, je te l’avait dit Isa, nous nous sommes battus et maintenant, je vais mourir. Il embrassa chaque personne, me serra dans ses bras et plongea dans l’eau pour ne jamais remonter à la surface. »
    et je me suis réveillée.

    le deuxième rêve, il est arrivé six mois après le premier anniversaire de sa mort. Quand cet anniversaire est arrivé, une colère sourde s’est installée. Il ne rentrerait pas à la maison. la cruelle réalité avait fini par arriver. et je n’arrivais pas à me reconnecter à la vie habitée par cette colère.
    « Dans ce rêve, très dur, il voulait me quitter. Il était encore malade. je ne comprenais pas. je me battais pour qu’il reste auprès de moi. je ne voulais pas le laisser partir. après une énième engueulade, il m’a crié « mais Isa, lasse moi partir ! tu ne comprends pas que je suis mort et que je ne reviendrai jamais ? »
    et je me suis réveillée.

    ces deux rêves tellement vrais ont été, chacun à leur façon une témoignage et un message de mon aimé, au fond de mon cœur, j’en suis convaincue.

    Le premier en me disant, regarde, nous nous sommes battus, mais il est temps que je parte, je suis heureux, j’ai fait ça avec toi et je vais vers la mort avec amour et acceptation. sois en paix. Et j’ai été en paix.
    Le deuxième a été une claque mais a été salvateur. Il m’a permis de lâcher prise. de déposer cette colère. Parce qu’en refusant de le laisse partir, je me et lui faisais du mal quelque part et n’arrivais plus à m’inscrire dans ma vie et mon quotidien.

    Alors voilà, aujourd’hui, à quelques jours de ce terrible anniversaire, il serait faux de dire que je vais bien… et pourtant… si le chagrin est là, il n’empêche que je souffre moins que l’an dernier. j’arrive à nouveau à me projeter dans une vie qui continue, qui chérie le passé et en fais une force pour demain soit aussi une belle aventure…

    Bien à vous,

    Isabelle

  • Bonjour

    Mon mari s’est battu contre le cancer pendant 3 ans. Les 3 derniers mois ont été terribles pour lui. La souffrance constante jusqu’aux derniers jours à l’hôpital inconscient. Je lui ai soufflé à l’oreille de lacher prise, de ne pas s’inquiéter pour moi, qu’il a été merveilleux…

    Il est mort dans la nuit. Il y a 4 mois.

    je l’ai vu dans mon rêve. Je savais que je rêvais j’ai senti que mon âme s’était détachée de mon corps et avançait lentement. Je voyais des silhouettes en file indienne. J’ai longé cette file et j’ai vu mon mari comme si il était éclairé. Le visage plus jeune, sans trace de souffrance et j’ai ressenti un calme, aucune tristesse, le silence. Il regardait dans ma direction yeux grands ouverts mais ne me voyait pas. J’ai ressenti très fortement son calme. Il attendait… C’est difficile de mettre des mots sur un ressenti.

    A mon réveil, je me rappelais de tout. Cela ne m’a pas apporté de réconfort. Juste me dire qu’il ne souffre plus.
    Egoistement le manque fut plus fort. Je voulais le revoir chaque nuit dans mes rêves. Malheureusement cela ne se passe pas comme cela.

    J’ai envie plus forte de le revoir ou de l’entendre.

    Sandrine

    • Bonsoir,

      Mon très très cher frère est partie brutalement dans son sommeil le 29 octobre 2016 il y a 4 mois ,de mort naturelle à 46 ans.
      J’ai rêvé de lui une semaine après son décès il était beau me souriait puis sans parler il me fit comprendre d’aller marcher .Nous avons donc fait quelques pas ensemble il était très serein et beau .

      Puis j’ai rêvé de lui il y a environ deux semaines et là il arrive chez notre mère comme à son habitude et je fond en larme et le serré très fort en lui disant « oh mon frère ç’est pas vrai tu n’es pas mort  » mais dans cette étreinte je compris qu’ il l’était. …Néanmoins, à mon réveil j’étais plus apaisée que d’habitude comme si il était venu pour me réconforter ! ?
      Je pleure j’ai la gorge serrée en écrivant, Je pleure mon très trés cher frère tous les jours mais il est à jamais vivant dans Mon coeur et mon âme.

      Bien à vous
      Sabrina

  • mon compagnon est décédé et je reve souvent qu’il me quitte pour une autre alors que nous aimions très fort et depuis longtemps. ça me fait souffrir cet abandon qu’st ce que celà veut dire.

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